Malheureusement, je n’ai pas embrassé ce deuxième confinement avec grâce : dans cette monotonie de jours interminables et de boutons causés par le masque, je me sens souvent à côté de mes pompes. Mais je veux être libre de toute culpabilité pour ne pas avoir de projets. Si le premier enfermement était axé sur l’amélioration de soi, cette fois-ci, je préfère faire quelque chose de totalement insignifiant.
La marche est la forme ultime d’acceptation. J’ai accepté le fait que mes activités quotidiennes n’ont pas besoin d’un but. Parfois, tout ce qui m’importe, c’est de passer la journée. Se promener, appeler le bureau des impôts pour vérifier si leur musique d’attente est meilleure que celle de la mairie, envisager de faire des abdos et changer aussitôt d’avis.
Parfois, j’appelle ma grand-mère et elle me dit ce qu’elle a cuisiné ce jour-là. Parfois, elle m’envoie des biscuits par la poste et je lui demande quels ingrédients elle y a mis, pour oublier instantanément.
La marche est la seule chose qui me fait sentir bien. Dix mille pas contre l’impuissance. Avec les taux d’infection qui ne cessent d’augmenter et de diminuer, je suis contente qu’il y ait encore des chiffres que je peux contrôler. Je suis tout aussi rassurée par le nombre de mes pas que par la perspective du vaccin.
Quand il fait sombre, je regarde par les fenêtres des beaux appartements à balcon de mon quartier et je rêve d’y vivre. Pendant la journée, on peut voir à travers les fenêtres les moulures de leur plafond. Et quand les lumières sont éteintes, je m’énerve parce que les gens qui vivent dans ces logements somptueux ont l’audace de ne pas s’en servir.
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