Estere Ciccone, âgée de douze ans, manipulait un petit panneau de contrôle dans une grande salle du Museum of Arts and Design, se préparant pour le gala annuel du musée et l’ouverture d’une exposition intitulée « Barbie : Une icône culturelle. » Son polo marine, son short gaucho et son visage sans maquillage évoquaient une innocente écolière. Mais ses écouteurs scintillants de la taille de cache-oreilles donnaient, selon le jargon, un glamour mondial.

“En ce moment, elle vérifie ses mixes et décide de ses points de repère et de ses transitions,” a déclaré Mary Mac, la mentor de Ciccone en tant que d.j. (vrai nom : Maryse Pierre-Antoine), en observant sa protégée. “C’est ma meilleure élève et elle me montre déjà des choses.” Ciccone est l’un des six enfants de Madonna, et sous son nom de d.j., Queen Estere, elle a récemment sorti, sur SoundCloud, un morceau de danse osé intitulé “I’ll Tech House U Mix.” “Un d.j. doit se tenir au courant de la musique et des mouvements de danse les plus récents,” a déclaré Pierre-Antoine, “et à douze ans, elle sait déjà tout.”

Pierre-Antoine, qui a cinquante-deux ans, est le d.j. personnel de Madonna depuis plus d’une décennie, depuis que la pop star l’a entendue dans un magasin Adidas. Elle prépare les foules avant les concerts et fait danser les gens lors des after-parties. À New York, elle a une résidence au Henrietta Hudson, un bar lesbien dans le West Village. Elle a grandi dans le quartier en tant que fille immigrant haïtien jouant au basket. “Ma mère demande encore si je gagne de l’argent, et si le travail est stable,” a-t-elle déclaré. La mère de Queen Estere, quant à elle, promeut activement la passion de sa fille avec des publications sur Instagram. Elle a également présenté Queen Estere lors de la récente tournée “Celebration”, au cours de laquelle la fille a fait du voguing dans un catsuit noir et jaune et des bottes à talons aiguilles jusqu’à la cuisse. Puis elle a fait le d.j. sur scène, devant les fans de sa mère.

“Je ressens définitivement quelque chose là-haut,” a déclaré Ciccone d’une voix douce, alors qu’elle terminait de préparer le gala. “Mais quand on fait beaucoup de spectacles, on s’y habitue.” Elle aime être d.j., a-t-elle dit, “parce que vous n’avez vraiment besoin de personne d’autre. Vous devez juste continuer à le faire.”

Ciccone a été adoptée du Malawi et, le mois dernier, elle a célébré sa bat mitzvah avec sa sœur jumelle, Stella. Au musée, une phalange de personnes de protection (y compris une nourrice et un entourage familial) planait pour s’assurer qu’elle ne dise pas trop de choses, citant des préoccupations de confidentialité. Mais elle a eu la chance de dire que c’était agréable de travailler au musée, même si Barbie n’était pas son truc. “Le film était correct pour les plus jeunes, pas pour moi,” a-t-elle déclaré. Elle devait aller se changer pour la fête à thème rose. “Mais je ne porte pas de rose,” a-t-elle dit. “Je porte du noir.” Dernière question : était-elle fan de Taylor Swift ? “J’aime Billie Eilish et Charli XCX,” a-t-elle dit.

En bas, dans la salle d’exposition, la nouvelle de la présence de Queen Estere s’était répandue. Il n’était pas clair si sa mère allait apparaître, bien que le personnel de sécurité soit prêt à gérer une arrivée par l’entrée arrière.

“Cette ouverture est un très bon concert pour un d.j. de douze ans,” a déclaré Robert Best, un cadre de Mattel et l’honoré de la soirée. Il portait un smoking en velours rose de Paul Smith. “J’admire tout enfant ayant la présence d’esprit de se connaître si jeune.”

“Quand j’avais douze ans, je voulais avoir treize ans,” a déclaré Beau McCall, un artiste connu pour son utilisation de boutons recyclés. “Je voulais être un adolescent, mais quand je le suis devenu, rien ne s’est passé.”

Plus tard, lorsque Queen Estere a fait son set, sa mère n’était pas dans la maison, mais Pierre-Antoine jouait le rôle de la mère de scène. “Elle a douze ans, et je vais prendre mon crédit !” a-t-elle crié à la foule. “Applaudissez pour Queen Estere ! Elle veut que vous lui montriez un peu d’amour ce soir !” La foule intergénérationnelle, vêtue de rose, a applaudi pendant que Ciccone, avec la concentration d’un enfant réalisant un travail scolaire très engageant, se concentrait sur sa console, se penchant parfois pour poser une question à Pierre-Antoine.

“Tout le monde danse, alors vas-y,” lui a-t-elle dit. Les morceaux de Peggy Gou, Crystal Waters et Diplo ont maintenu les invités en mouvement.

“Je suppose qu’elle vient à cette musique naturellement,” a déclaré Marilyn Eiges, une docente octogénaire du musée, depuis la piste de danse. Elle essayait de se souvenir de ce que c’était d’être si jeune. “Tout ce que je sais, c’est que, quand j’avais douze ans, je voulais que Fred Astaire entre dans mon salon pour danser avec moi,” a-t-elle déclaré. Quelques instants plus tard, vers dix heures, Queen Estere était emmenée par sa bande. Mary Mac continuerait à faire danser tout le monde avec “Into the Groove” de Madonna, parmi d’autres morceaux de sa playlist.

“Je t’aime, Mary Mac ! À vendredi,” a dit Ciccone en agitant la main.

C’était une semaine d’école, avec des leçons de d.j., des leçons de piano et des devoirs dans le mélange. ♦