Expérience de pensée n° 1

Imaginez un stade de baseball. Remplissez-le de vingt mille Américains. Obligez les démocrates à porter du bleu et les républicains du rouge. À un podium près de deuxième base, faites qu’une personne fasse un discours sur, disons, l’immigration.

Assez rapidement, des combats éclatent.

Rewind.

Les mêmes vingt mille personnes. Laissez-les s’habiller comme ils le souhaitent. Au lieu du type qui fait un discours, placez deux équipes de baseball là-bas. Instantanément, c’est une énergie différente. Parmi les fans de l’Équipe Un se trouveront à la fois des libéraux et des conservateurs, soudainement unis dans une cause commune. Idem pour l’Équipe Deux. Il y aura des désaccords, bien sûr, mais parce qu’on nous a appris à parler d’une manière acceptable lors des matchs de baseball, ceux-ci tendront à être relativement bienveillants.

Questions pour la discussion :

Concernant le premier exemple :

Qui a donné l’ordre de porter du rouge ou du bleu ?

Qui a traîné ce podium là-bas ?

Qui a choisi le sujet ? Et à partir de quelle liste ?

Est-il possible que “politique” en soit venu à signifier discuter de manière percussive d’une courte liste de sujets pré-approuvés (immigration, avortement, culture de l’annulation, etc.), ces sujets ayant été fournis, d’une manière ou d’une autre, par (disons) certains pouvoirs éloignés, qui ont également fourni un cadre rigide dans lequel en discuter, un cadre conçu non pas pour résoudre quoi que ce soit mais pour garantir un désaccord perpétuel, avec agitation comme objectif, l’agitation étant, avouons-le, un gros générateur de profits ?


Expérience de pensée n° 2

Asseyez quatre démocrates et quatre républicains autour d’une charmante table de conférence locale quelque part au cœur du pays. (Mettez l’un de ces érables américains dorés par la fenêtre, et de temps en temps laissez tomber une feuille d’automne.) Ce sont les membres d’un conseil municipal. Leur sujet est les nids-de-poule. Il y a cinq mille dollars de nids-de-poule dans la ville, mais le conseil n’a que trois mille dans le budget de réparation des nids-de-poule.

Ces huit personnes essaient de résoudre un problème spécifique. Quels nids-de-poule peuvent être laissés tels quels ? Eh bien, lesquels sont les plus grands ? Ne devrions-nous pas nous occuper de celui devant l’hôpital ? Ces trois, sur cette route à la périphérie de la ville, où personne ne va jamais, devront attendre.

La discussion n’est pas théorique mais pratique. (Quelle est l’opinion de gauche sur les nids-de-poule, d’ailleurs, ou la vue MAGA ?) C’est du résolution de problèmes, quelque chose que nous, Américains, savons faire (ou du moins pensons que nous savons faire). La plupart des gens, des deux partis, savent reconnaître une solution pragmatique quand ils en voient une, surtout s’ils ont travaillé sur le problème et ont une idée des coûts, des choix et des sacrifices nécessaires pour le résoudre.

Ce qui peut résulter parmi ce groupe de personnes, c’est quelque chose comme de l’affection.

Nous, les Huit des Nids-de-Poule, aurons traversé les guerres ensemble. Nous apprécierons de nous moquer ensemble des critiques ridicules de notre travail provenant de la population mal informée. Peut-être nous sentirons-nous un peu fiers de ce que nous avons accompli. Parfois, en conduisant, je repère un gros nouveau nid-de-poule et j’appelle Murray, mon ami du conseil, qui peut être républicain, mais, honnêtement, je m’en fiche. Je veux juste lui parler de ce gros nid-de-poule.

Questions pour la discussion :

Qu’est-ce ou qui nous fait tant détester les uns les autres ?

Est-il possible qu’une des raisons pour lesquelles nous nous sentons mal en ce moment soit que notre désir naturel d’apprécier les autres est contrecarré par des forces éloignées et basées sur le profit ?


Expérience de pensée n° 3

Imaginez que vous êtes sur le point d’avoir un argument politique avec un ami proche ou un membre de la famille. Vous êtes de côtés opposés du fossé gauche-droite. Vous avez déjà eu cette discussion de nombreuses fois auparavant.

De nombreuses fois.

Questions pour la discussion :

N’est-ce pas parfois plus simple si vous apportiez chacun une petite télévision et la laissiez allumée dans la cuisine, accordée à votre réseau respectif, pendant que vous deux sortiez dans le jardin et parliez de quelque chose dont vous avez une connaissance originale ? Une fois que vous êtes là-bas, en train de parler comme ça, ne sera-t-il pas agréable de sentir vos carapaces “politiques” préformées s’effondrer ? Et ne sera-t-il pas décourageant et alarmant lorsqu’après qu’un d’entre vous ait glissé et prononcé un mot ou une phrase déclencheur (“immigrant” ou “Trump” ou “politiquement correct” ou “manger des chats et des chiens”, par exemple), vous revenez à votre jargon “politique” tout préparé, comme des acteurs soudainement conscients que les scripts qu’on leur a donnés doivent, à tout prix, être respectés ?

À ce moment-là, alors que vous êtes là, comme des robots Rock ’Em Sock ’Em, en train de vous frapper avec les phrases de quelqu’un d’autre, ayant souvent l’air un peu tristes, voire honteux, qui parle à travers vous ?


Expérience de pensée n° 4

Imaginez un simple prédécesseur pastoral, se promenant, une massue à la main, sentant les fleurs.

La capacité de cet homme des cavernes à construire des opinions sur la base de projections mentales est ce qui lui permet de survivre. Cela est vrai aussi pour nous.

Mais nous recevons beaucoup plus d’informations que lui, des informations d’un genre particulier, des informations qui sont puissantes, et ont été construites loin, par des personnes ayant des programmes. Elles sont livrées de manière invisible, d’une manière qui nous donne un profond sentiment d’appartenance. C’est addictif. C’est écrasant. Cela entre directement dans le cerveau, essentiellement le même cerveau avec lequel M. Renifleur de Fleurs se promenait, et, comme un estomac conçu pour des noix et des fruits soudainement confronté à un TripleFlame Macaroni & Lard Burger, ce cerveau commence à avoir, eh bien, des problèmes digestifs, mais fait quand même un bon essai.

Questions pour la discussion :

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