Depuis 2020, les 5,7 millions de fonctionnaires ont bénéficié de plusieurs dispositifs de revalorisation salariale. Face à une inflation élevée, tous ont bénéficié d’une hausse générale de la valeur du point d’indice, après une période de stagnation de douze ans : + 3,5 % en 2022, + 1,5 % en 2023.
L’ensemble des fonctionnaires a également perçu une augmentation de cinq points d’indice, au 1er janvier 2024. Des mesures spécifiques ont été mises en œuvre pour les agents de catégorie C, telles que l’augmentation de l’indice minimum ou la bonification d’une année d’ancienneté.
À cela s’ajoutent des mesures sectorielles, en particulier dans le domaine de la santé. Depuis 2020, les agents non médicaux des hôpitaux et des Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) bénéficient d’un complément de 183 euros net par mois, instauré dans le cadre du Ségur de la santé, mis en place suite à la crise sanitaire, complété en 2022 pour inclure les professionnels socio-éducatifs, comme ceux de l’aide sociale à l’enfance.
Des dispositions telles que l’augmentation de la rémunération pour le travail de nuit des infirmières et des aides-soignantes ont également contribué à améliorer les salaires. D’autres secteurs ont également connu des revalorisations, comme les forces de l’ordre, dans le cadre du Beauvau de la sécurité, ou les enseignants débutants, grâce à la création d’une prime d’attractivité.
« C’est un vrai effort budgétaire, mais pas suffisant. Bien que les hausses du point d’indice soient sans précédent, elles se produisent dans un contexte d’inflation encore plus inédit », souligne Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques.
Décrochage
Les récentes analyses de l’Insee sur le sujet, publiées en septembre 2024, le confirment : elles révèlent qu’en 2022, les agents de la fonction publique d’État ont vu leur salaire croître de 2,9 % par rapport à 2021, en valeur nominale. Cependant, si l’on prend en compte une inflation de 5,2 % sur l’année, « le salaire net moyen en euros constants diminue nettement », de – 2,2 %, précise l’Institut. Les contractuels et les agents de catégorie B ont été les plus affectés, avec une baisse respective de 2,3 % et 2,4 %. Les enseignants ont, quant à eux, vu leur rémunération reculer de 1,9 %.
Le même constat est valable pour les autres fonctions publiques : dans la territoriale, le salaire net moyen a augmenté de 4,1 % en valeur nominale, mais a chuté de 1,1 % en euros constants. Dans la fonction publique hospitalière, il affiche une hausse de 4,8 %, mais est en retrait de 0,4 % en tenant compte de l’inflation, après une forte croissance grâce au Ségur en 2021 (+ 2,8 %).
Dans l’ensemble de la fonction publique, les rémunérations ont ainsi baissé de 1,4 % en 2022, en euros constants. Il convient également de noter que la situation est similaire pour 2023 : la hausse de la valeur du point d’indice (+ 1,5 %) est loin de compenser l’inflation de 4,9 % enregistrée au cours de l’année.
Avant même la montée des prix, la stagnation du point d’indice avait provoqué « un décrochage », rappelle Johan Theuret, cofondateur du think tank Sens du service public et directeur général adjoint de la ville et métropole de Rennes. Entre 2011 et 2021, selon l’Insee, le salaire net pour un temps plein a crû de 2,1 % dans la fonction publique, alors qu’il a augmenté de 4,9 % dans le secteur privé.
« Le problème, c’est que la rémunération dans la fonction publique n’est pas entrée dans une politique RH mais considérée comme une question budgétaire. Les décisions sont prises au cas par cas, en fonction des pressions syndicales ou sociales, des conditions économiques… Les retards s’accumulent, affectant la relation de confiance entre les agents et leur employeur », estime Johan Theuret, qui plaide pour des négociations annuelles.
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