CONSOMMATION – L’hiver arrive,
mais les
prix de l’
énergie continuent leur ascension. Ce vendredi 1er octobre, le
tarif réglementé du gaz augmente ainsi de 12,6% pour 2,7 millions de foyers. “Ça devient très lourd pour mon budget”,
nous confie Elizabeth. Comme elle, de nombreux
Français se disent inquiets.
Il faut dire que les
prix n’ont pas cessé d’augmenter au
cours des derniers mois: de 8,7% au 1er septembre, après plus de 5% en août et
près de 10% en juillet. Depuis janvier, les
prix ont augmenté de plus de 50%. À tel point que, jeudi 30 novembre,
Jean Castex a annoncé la mise en place d’un
“bouclier tarifaire” devant geler le
prix du
gaz jusqu’en avril
2022.
Pour mieux comprendre ce que signifient ces hausses dans le quotidien des Français, on a demandé à nos lecteurs, et notamment ceux qui ne touchent pas d’aides mais peinent à boucler leurs fins de mois, de nous raconter. “Je suis retraitée, je vis seule et chaque année je baisse le thermostat de la maison: moins j’ai chaud, plus je paye mon chauffage au gaz. Malgré le fait que j’ai investi dans une nouvelle chaudière à condensation moderne. Bien que mensualisée, ça devient très lourd pour mon budget”, écrit Elizabeth en commentaire de notre appel à témoignages.
“J’ai l’impression que je ne vais jamais m’en sortir”
“Avec cette augmentation, j’ai l’impression que je ne vais jamais m’en sortir, angoissé par toutes ces factures qu’il faut régler. À partir du mois d’octobre, je pense que je vais sauter encore plus de repas et me priver de tout”, déplore Sofiane* auprès du HuffPost. À 28 ans, il vient tout juste d’entamer sa carrière professionnelle après des années étudiantes compliquées, faisant suite à son arrivée en France, et passées à alterner entre cours, stages et petits boulots. Mais aussi des repas qu’il fallait sauter, et des sorties dont il s’est toujours privé.
De
son côté, Maryline, dans sa petite
maison chauffée au
gaz, craint “les prochains mois et l’arrivée de l’hiver avec ces augmentations qui perdurent”.
Femme de
ménage,
son mari est
ouvrier. Leur fille de 24 ans, animatrice en
école, travaille à
temps partiel et n’a pas encore les moyens de payer
son propre
logement. “J’ai mal vécu la hausse du
prix du
gaz. Quand je regarde déjà ma
consommation sur l’application GDF, je suis au-dessus de l’année dernière à la même époque, et ce sans avoir changé mes habitudes. Vu que l’on ne va pas tarder à allumer le
chauffage, je pense avoir une
augmentation annuelle de 150 à 200
euros à peu près”, regrette-t-elle.
Comme eux, Majd, qui vit avec sa femme et ses deux enfants et estime faire partie de la “zone grise”, n’étant pas assez aisé mais ne bénéficiant d’aucune aide, craint lui aussi l’augmentation du prix du gaz alors même que son loyer fonctionne à l’électricité, énergie qui elle aussi devrait voir son tarif augmenter de 4% en février 2022. “On a le sentiment d’être dans une tornade, on s’accroche de plus en plus fort pour ne pas céder, mais elle est de plus en plus forte”, souligne-t-il, faisant part d’un “stress permanent”, “d’angoisse” et d’une “très grande fatigue”.
“Nous surveillons sans cesse les heures creuses”
Pour ces foyers qui se disent touchés de plein fouet par ces augmentations, le
quotidien n’a rien d’un long fleuve tranquille. Majd, par exemple,
nous explique avoir choisi de travailler moins l’an passé pour tenter de bénéficier d’aides au
logement, en vain.
Julien, la vingtaine, partage sa
vie en
maison avec sa conjointe qui travaille en
Ehpad. Lui, possède une micro-entreprise de nettoyage de vitres. Pour éviter de surconsommer de l’
électricité, il a acheté un poêle à
gaz,
gaz qu’il achète en
bouteille, à des
prix qu’il
juge plus intéressants, le tout dans le
but de “ne pas utiliser les chauffages électriques cet hiver”. “L’
électricité à la
maison est devenue un point de
contrôle récurrent.
Nous surveillons sans cesse nos heures creuses, et que les appareils ne tournent pas ou ne soient pas branchés inutilement par
peur que la
consommation explose”, explique-t-il.
Sofiane dit même se sentir “abandonné”. “Je ne sors plus. Ça fait plus d’un an que je ne vois que les collègues de travail. Je n’ai pas d’argent pour aller au resto, au bar ou au cinéma, alors que je suis en CDI”, regrette-t-il.
Les annonces du Premier ministre, Jean Castex, jeudi 30 septembre, ne les ont pas rassurés. Une “mesurette”, estime Majd. Pour Sofiane, ce bouclier tarifaire s’apparente à du “marketing moderne”. “C’est une technique pour éviter que le peuple se révolte en attendant les élections de 2022”, juge-t-il.
Seule Maryline se dit “satisfaite”. Sa seule crainte: que ce gel des prix du gaz ne soit pas rattrapé après avril. En attendant, elle compte “acheter moins de vêtements et de chaussures, regarder les prix, comparer d’un magasin à un autre, surtout pour l’alimentation”.
*Le prénom a été modifié.
À voir également sur Le HuffPost: Pourquoi les prix du gaz ne cessent d’augmenter (et c’est pas fini)
Source
Articles similaires