SORTIE EXCEPTIONNELLE EN AVANT-PREMIÈRE
le 1er août en plein air à Grabels, séance précédée d’un concert d’Alan Fakeman, formation rock / slacker sur les traces de Eels , Sebadoh ou Sparkle Horse,
puis, du 14 au 27 août dans nos salles !
(la sortie nationale du film est prévue le 30 octobre)
Glints ZILBALODIS – film d’animation Lettonie 2024 1h24mn – Scénario de Gints Zilbalodis et Matiss Kaza. MAGNIFIQUE FILM D’ANIMATION FICHTREMENT CONSEILLÉ À TOUS LES PUBLICS, DE 8 À 88 ANS (ET AU-DELÀ…) – Sans paroles.
Du 14/08/24 au 27/08/24
C’est un flot, une vague, un courant – un flow puissant qui emporte tout sur son passage. Qui vous époustoufle, vous émeut, vous enthousiasme tout à la fois. On se croit revenu de tout, on se la joue cinéphile blasé à qui « on ne la fait pas », on pense ne plus pouvoir simplement s’émerveiller au spectacle d’un film quel qu’il soit ? Grave erreur ! En deux temps, trois mouvements, Flow capte notre attention, nous colle les yeux écarquillés sur l’écran – et nous voilà comme en apnée, partis pour une petite heure et demie de pure jubilation – c’est irrésistible. Ça vous a un charme fou, c’est une beauté renversante, c’est un conte moral imparable doublé d’un grand film d’aventure trépidant, c’est d’une inventivité et d’une intelligence de chaque instant. Et enfin, ce n’est pas tous les jours, Flow révolutionne radicalement, pour le meilleur, le cinéma d’animation. Tant de superlatifs pour ce film, vraiment ? demanderez-vous un brin sceptique. Oui, vraiment.
Mais au fait, de quoi s’agit-il ? Comme son sous-titre français l’indique, Flow colle aux pattes précautionneuses d’un adorable petit chat noir qui, comme tous les chats, quand ce n’est pas pour la boire, apprécie modérément le contact de l’eau. Le monde dans lequel évolue notre félidé curieux est sans limite. Un jardin luxuriant, une nature autrefois domestiquée mais qui a repris ses droits sur une ancienne civilisation humaine dont il ne reste que quelques vestiges. Des colonnes, des masures presqu’en ruine, bientôt envahies par la végétation, qui servent à l’occasion de refuge au matou. Lequel, à petits pas comptés, tous les sens en éveil (la vie est immense et pleine de dangers), chasse (un peu), explore (beaucoup), dort (longtemps) – bref : fait ce que tous les chats du monde savent faire le mieux, quand ils ne se lavent pas à coups de pattes l’arrière des oreilles. Une dolce vita de rêve – qui bascule brusquement, emportée par l’immense raz-de-marée qui submerge tout sur son passage et voit disparaître sous les eaux le jardin d’Eden… Rescapé des flots et affrontant le Déluge, notre héros parvient à se hisser à bord d’un bateau à voile… et à la dérive. Il doit alors composer avec l’aréopage animalier hétéroclite qui y a déjà trouvé refuge : un gros clébard aussi affectueux qu’enthousiaste, un lémurien vif et chapardeur, une espèce d’énorme marmotte flegmatique (renseignements pris, ce sympathique rongeur des Amériques est un cabiaï, ou grand cochon d’eau), bientôt rejoints par un serpentaire blessé – un étrange piaf, inquiétant et hiératique, mi-rapace mi-échassier. Un genre d’Arche de Noé, mais minimaliste et – surtout – sans Noé ! Une fois réussie la nécessaire cohabitation de ces bestioles aux caractères si dissemblables, notre rusé Ulysse aux pattes de velours et ses valeureux compagnons vont vivre une Odyssée aux multiples rebondissements, chacun mettant la main à la patte (sic) pour mener à bon port, s’il existe, leur si fragile esquif.
Comme dans le récit d’Homère, leur périple est tout autant une succession haletante d’aventures, de rencontres et de périls, qu’un magnifique voyage initiatique. Car s’ils parviennent à avancer dans leur quête toujours empêchée d’une hypothétique Ithaque, ce n’est pas par la force (ils n’en ont guère) – mais bien en découvrant les uns chez les autres les qualités qui, mises en commun, permettent de surmonter tous les dangers. La grande force de Flow est de ne jamais céder à la facilité toute disneyenne de l’anthropomorphisme. Les animaux sont des animaux, pas des caricatures d’hominidés. Pas une ligne de dialogue, pas l’ébauche d’une expression humaine au détour d’un retroussement de babine ou d’un claquement de bec. Plus risqué encore : autant les décors sont d’une beauté et d’une richesse sidérantes, à couper le souffle, autant les animaux sont représentés dans une 3D assez lisse, proche de la modélisation de jeu vidéo – ni franchement caricaturale, ni tout à fait réaliste. Et pourtant, l’émotion est là, totale, intense, sincère. La composition des plans est splendide, les mouvements sont d’un réalisme, d’une fluidité rarement vus au cinéma, l’empathie pour les bipèdes, quadrupèdes, mammifères et ovipares est immédiate. C’est du jamais vu (vraiment !), on rit, on tremble, on est au bord des larmes, on en redemande !