En raison d’une “situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables”, Alger a décidé “le rappel immédiat pour consultation” de son ambassadeur à Paris Mohamed Antar-Daoud. Alger a estimé que les propos d’Emmanuel Macron “portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5,63 millions de valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la glorieuse Révolution de libération nationale”.
Les médias locaux reprenaient largement ce samedi un article du journal Le Monde où le président français Emmanuel Macron, recevant des descendants de protagonistes de la guerre d’Algérie, estime qu’après son indépendance en 1962, le pays s’est construit sur “une rente mémorielle”, entretenue par “le système politico-militaire”. Il y évoque aussi “une histoire officielle”, selon lui, “totalement réécrite” qui “ne s’appuie pas sur des vérités” mais sur “un discours qui repose sur une haine de la France”.
Une décision “sans consultation préalable”
C’est la seconde fois qu’Alger convoque son ambassadeur à Paris depuis mai 2020 lorsque l’ambassadeur de l’époque, Salah Lebdioui, avait fait l’objet d’un rappel “immédiat” après la diffusion d’un documentaire sur le mouvement de contestation prodémocratie Hirak, diffusé sur France 5 et la chaîne parlementaire.
Cette décision fait également suite à l’annonce de la France, mardi 28 septembre, de réduire le nombre de visas accordés aux ressortissants du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie en raison du “refus” de ces pays du Maghreb de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France.
“Cette décision qui est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne comporte l’anomalie rédhibitoire d’avoir fait l’objet d’un tapage médiatique générateur de confusion et d’ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d’application”, avait alors réagi le ministère algérien des Affaires étrangères, qui a convoqué mercredi 29 septembre l’ambassadeur de France en Algérie.
L’ambassadeur, François Gouyette, s’est vu notifier “une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France”, précisait le ministère dans un communiqué.