CINÉ-CLUB NEVERS
Séance unique le vendredi 10 mars à 20h, présentée par les élèves et les enseignants de la spécialité cinéma du lycée Nevers. L’objectif est simple : permettre de partager en salle le plaisir de voir ou revoir des classiques de l’histoire du cinéma et d’échanger ensemble de manière conviviale à la fin du film.
Otto PREMINGER – USA 1944 1h28mn VOSTF – avec Gene Tierney, Dana Andrews, Clifton Webb, Vincent Price… Scénario de Jay Drafter, Samuel Hoffenstein et Betty Reinhardt, d’après le roman de Vera Caspary.
Du 10/03/23 au 10/03/23
Laura, c’est une des œuvres de référence du film noir et pourtant Preminger bafoue presque les lois du genre, flirte avec le fantastique, privilégie le romanesque feutré, et compose surtout un personnage de femme aux antipodes des archétypes. Si Laura est fatale à bien des hommes, si elle leur fait perdre tout sens de la mesure, ce n’est pas par sa duplicité, par sa « garcitude », mais bien au contraire par sa pureté, la beauté limpide de son corps et de son âme.
L’histoire commence comme une enquête policière classique : l’inspecteur Mark McPherson est chargé d’enquêter sur la mort de Laura Hunt, jeune publicitaire très courtisée. Routine, routine, McPherson interroge les proches de la victime, notamment Shelby Carpenter, son fadasse fiancé, et surtout Waldo Lydecker, chroniqueur mondain raffiné et cynique qui fut le pygmalion de la jeune femme, Waldo Lydecker dont la voix de dandy nous guide dans les méandres du film. A l’écoute des témoignages, l’inspecteur se laisse gagner par le charme de Laura Hunt, qui semble être assez fort pour vaincre la mort, qui agit par exemple à travers ce portrait envoûtant sur le mur de son salon. C’est en y plongeant son regard, et peut-être un peu plus, que McPherson va s’endormir un soir de lassitude. Et il va être réveillé par…
On s’arrête là, la suite est à découvrir avec ravissement, si vous avez la chance de n’avoir encore jamais vu le film. La construction de Laura est un régal d’intelligence et de fluidité. Flash-backs, points de vue multiples, voix off, Preminger tisse superbement une toile qui nous emprisonne, qui nous captive. Jamais il ne laisse le spectateur s’installer dans le confort de la certitude : ce qu’il croit apprendre est aussitôt remis en question par une nouvelle vérité tout aussi valable que la précédente. Et c’est pourquoi Laura intrigue et fascine de bout en bout.