Sonia Bermúdez divise son temps entre deux cimetières. Dans la ville de Riohacha, en Colombie, elle gère le Cimetière Central, un labyrinthe calme de mausolées aux murs blancs décorés de croix et d’arrangements floraux. En périphérie de Riohacha, elle exploite son propre cimetière, People Like Us, un lieu de repos pour les personnes qui meurent sans personne pour s’occuper de leur enterrement. Beaucoup d’entre elles sont des migrants vénézuéliens, des millions d’entre eux ayant pénétré en Colombie ces dernières années, fuyant la crise dans leur pays d’origine. People Like Us ne ressemble en rien au Cimetière Central. Une rangée de mausolées en blocs de cendres se dresse au milieu d’un champ sec, rempli de poussière tourbillonnante et du bruit du vent ainsi que d’une route à proximité. Mais dans ce cadre rude et prêt à l’emploi, Bermúdez offre le même soin et la même dignité aux défunts. Tout au long du film de Pedro Samper, la personnalité complexe de Bermúdez devient claire : elle est à la fois dure et profondément empathique, offrant des chants, du réconfort et un plaidoyer aux personnes qui pleurent la perte d’un être cher, et à ceux qui sont morts sans que personne d’autre ne marque leur passage.