SEXUALITÉ – Le
plaisir ne passe pas automatiquement par l’orgasme, et encore moins par la pénétration. Le
sexe n’a pas de
règles, il ne consiste pas en un
mode d’emploi dont l’issue serait uniquement la jouissance ponctuée de gémissements intenses. Il est aussi essentiel de
pouvoir communiquer sereinement avec l’autre sur ses propres besoins, ses envies. De penser à ses propres sensations, sans vouloir à tout
prix brosser l’ego de celui qui partage nos nuits (“celui”,
car les personnes ayant spontanément répondu à notre
appel à témoins sont des
femmes hétéros).
Seulement parfois, c’est plus fort que soi:
on simule. On crie un peu plus fort, on roule les
yeux, on
plante les griffes dans
son dos pour lui signifier qu’on vient de franchir ce cap tant attendu (ou pas, en l’occurrence). En bref, on finit nos coïts en jouant la
comédie.
Mais pourquoi, au juste, se laisse-t-on aller à cette mécanique, sans laisser non plus sa
chance à notre partenaire de s’améliorer? On vous a posé la question. Et les raisons, pleinement assumées ou non, sont diverses et passionnantes. Et surtout, à lire avec bienveillance.
Sarah, 32 ans: “J’ai peur de le blesser”
“Je suis avec mon mec depuis 1 an maintenant et les fois où j’ai joui pour de vrai se comptent sur les doigts d’une main. De cette
réalité, il n’en a aucune idée. Le
fait de simuler a commencé assez rapidement dans notre
relation, quand j’ai vu que ne pas me faire crier minait vraiment
son moral. Il le prenait très personnellement, comme si ne pas réussir à me procurer un
orgasme mettait en cause sa masculinité. Alors que j’ai toujours eu besoin de
temps. Du coup, j’ai prétexté une fois, puis
deux, puis trois avoir atteint le 7e
ciel assez bruyamment. Jusqu’à ce que ça devienne un réflexe.
Le truc, c’est que je suis un peu prise à mon propre piège maintenant.
Car comme il pense que je suis très satisfaite au
lit, il ne change rien à ce qu’il pense bien faire – je ne sais pas si je suis claire – et je ne change rien non plus à mon habitude de simuler. On est tou·te·s les
deux coincé·e·s dans une routine pavée de certitudes pour sa part et de
mensonges pour le préserver pour la mienne.
Parce que c’est bien là la raison pour laquelle je n’arrive pas à dire la vérité: j’ai peur de le blesser en lui avouant que j’en ai déjà (voire souvent) rajouté des caisses. J’ai peur qu’il se vexe, qu’il doute de mon plaisir, de lui-même, de toutes les fois où on a fait l’amour. Et qu’en fin de compte, il ne me croit plus quand je lui fais comprendre que j’aime ses caresses. Voire, pire, qu’il ne croit plus que je l’aime, lui.”
Élodie, 41 ans: “Ne pas jouir serait inhabituel”
“Je suis en
couple avec quelqu’un qui est très doué sur plan sexuel.
Nous vivons une alchimie parfaite. On aime ensemble découvrir de
nouvelles pratiques, de nouveaux accessoires, de
nouveaux lieux pour s’adonner aux plaisirs charnels. On fait l’amour 3 à 4 fois par semaine et 95 % du
temps, nos ébats se finissent en une jouissance sincère, ponctuée de cris sonores ou plus étouffés selon nos humeurs qui signent l’orgasme que l’on vient d’atteindre. Les 5 % qui restent, soit disons un peu plus d’une fois par mois, je prétends.
Je prétends parce que, presque inconsciemment, je me dis que ne pas
jouir serait inhabituel. Le rituel ne serait pas fini. Ce n’est pas tant par
rapport à mon partenaire que par
rapport à moi, d’ailleurs. J’ai besoin de ce moment de relâchement qui, même lorsqu’il est forcé et pas complètement authentique, me fait du bien. Et je sais aussi que ça l’amène lui à avoir un
orgasme, de me voir ainsi. Alors c’est gagnant-gagnant.”
Tiffany, 23 ans: “Pour me convaincre que rien ne cloche”
“C’est un sujet que j’ai du mal à aborder. Je n’ai pas beaucoup d’
expériences dans le domaine et je me calque pas mal sur ce que me confient mes amies. Depuis peu, je suis dans une
relation qu’on pourrait qualifier de sérieuse avec un garçon de mon âge qui est très gentil, patient, et tout ce qu’on attend d’un copain, en gros. Quand on fait l’amour en revanche, l’étincelle n’est pas au rendez-vous.
J’ai l’impression que c’est chez moi que quelque chose ne va pas, alors je m’applique à pousser des petits cris pour le convaincre que rien ne cloche. Et surtout, pour ME convaincre que rien ne cloche”.
Rachel, 30 ans: “C’est devenu un engrenage”
“Je ne sais plus comment faire autrement. Parfois, je ne suis même pas près du
but que je commence déjà à élever la voix. On dirait que je suis réglée comme une horloge. Après trois doigts et dix va-et-vient, je dégoupille. Bon d’accord, j’exagère un peu (rires),
mais vous voyez ce que je veux dire.
À voir également sur Le HuffPost: Une vie sexuelle plus épanouie grâce à la réalité virtuelle? C’est l’idée de cette Londonienne
Source
Articles similaires