Ce n’est pas un effet de mode, mais bien une tendance de fond. A tel point qu’on s’est presque habitué aux annonces de fermetures de magasins de prêt-à-porter et aux drames sociaux qui les accompagnent. La Halle aux chaussures, Camaïeu, Pimkie, San Marina, etc., la liste des enseignes qui ont baissé le rideau ou dont le nombre de points de vente s’est réduit à peau de chagrin est longue.

Dans une publication récente, l’Insee s’est penché sur l’évolution de la filière depuis une décennie. De quoi documenter les causes structurelles de la crise que traversent les magasins d’habillement et de chaussures.

Premier enseignement : le secteur enregistre une relative décroissance. Le volume de ventes des enseignes est en diminution depuis 2015, que l’achat ait lieu en magasin ou en ligne, mais sans compter les ventes des acteurs uniquement numériques comme Amazon ou Shein.

En 2023, ces transactions étaient revenues à leur niveau de 2010. Des chiffres à comparer avec ceux de l’ensemble des commerces de détail : + 40 % sur la même période. Une augmentation qui grimpe jusque plus de 65 % pour les magasins d’article sport.

« En moyenne, entre 2011 et 2019, le chiffre d’affaires a diminué de 0,1 % par an pour les magasins d’habillement, alors qu’il a augmenté de 2,6 % dans l’ensemble du commerce de détail », complète l’Insee.

Les causes de cette décroissance sont multiples. Evidemment, la concurrence des acteurs du numérique n’y est pas pour rien : la part de marché des plates-formes uniquement en ligne était estimée à 10 % en 2019 et a encore progressé depuis. Mais ce n’est pas la seule explication.

La vente de vêtements et de chaussures subit une lente mais puissante lame de fond : les Français dépensent tout simplement de moins en moins pour s’habiller. Le pic de consommation, en valeur, a eu lieu en 2007, et depuis ça stagne ou diminue légèrement.

Quand la taille d’un gâteau se réduit, et que de nouveaux convives (les acteurs numériques) prennent quelques parts, la situation des acteurs historiques est mécaniquement difficile.

A cela s’ajoute les gestions hasardeuses de certains actionnaires d’enseignes (de Vivarte à Camaïeu), qui ont participé à fragiliser les entreprises en question.

Résultat, face à cette réduction du chiffre d’affaires, nombre de magasins ont dû mettre la clé sous la porte.

« Entre 2014 et 2021, le nombre d’établissements diminue de 17,9 % dans la vente d’habillement, et de 26,4 % dans celle des chaussures », note l’Insee.

A titre de comparaison le nombre de magasin de détail n’a diminué que de 5 % dans le même temps.

Conséquence de cette fragilisation : on observe une concentration du secteur. C’est-à-dire que la part de l’activité réalisée par un petit nombre d’entreprises, des grands groupes, est croissante. 1 % des entreprises réalisent en effet 72 % des ventes, contre 62 % en 2011.

Et les déconvenues ne sont pas finies. Dernier exemple en date, la reprise de Naf Naf par un actionnaire turc cet été. Si l’entreprise qui était en redressement judiciaire va pouvoir perdurer, une douzaine de magasins sur 111 et 74 salariés sur 579 ne vont pas être repris.

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