Le saké, le henné, le savon d’Alep et l’expertise des couvreurs-zingueurs français seront-ils bientôt intégrés aux « biens ou écosystèmes à valeur exceptionnelle » déjà honorés par l’Unesco comme éléments du patrimoine culturel immatériel ?
C’est la décision que devra prendre le Comité intergouvernemental qui se réunit depuis le lundi 2 décembre jusqu’au jeudi 5 décembre 2024, à Asuncion (Paraguay), pour examiner l’inscription de 66 nouveaux éléments présentés sous le prisme des « traditions communautaires ».
Le Japon espère, par exemple, voir reconnue la pratique de la fabrication et de la consommation du saké, un alcool à base de riz ; seize pays arabes vont défendre les traditions liées au henné, une plante dont les feuilles sont utilisées pour faire des tatouages et colorer les cheveux ; la Côte d’Ivoire cherchera à faire valoir son « savoir-faire en matière de préparation de l’Attiéké », une semoule obtenue à partir de manioc, etc.
Un reflet de « la manière dont nous percevons le monde »
Mais concrètement, quel est l’intérêt pour un pays ou une région de faire reconnaître une tradition, une consommation ou des pratiques locales ?
Interrogée par l’AFP, la secrétaire de l’Unesco Fumiko Ohinata indique que cette reconnaissance aide à « sensibiliser sur l’importance du patrimoine culturel », qui illustre « la manière dont nous percevons le monde et comment nous interagissons avec autrui ».
Une explication dont la portée symbolique est évidente, mais dont l’intérêt « matériel » peut être moins clair. D’autant plus qu’une fois qu’une inscription est validée, l’Unesco n’a pas la capacité de contraindre les États à placer des mesures de protection ou de préservation sur ce bien, précise le journal L’Alsace.
Écho amplifié
En revanche, une inscription au patrimoine culturel immatériel agit comme une « caisse de résonance »: une tradition ou pratique très locale sera ainsi « couverte » – au moins temporairement – par les médias internationaux qui, en lui consacrant des reportages, l’exposeront au reste du monde.
Certaines candidatures en tireront de réels avantages, notamment en matière de tourisme, tandis que d’autres n’y verront qu’une confirmation d’une renommée déjà existante.
Parmi les biens ou écosystèmes à valeur exceptionnelle reconnus par l’Unesco figurent, par exemple, les traditions autour de la célèbre pizza napolitaine (2017), de la capoeira brésilienne (2014) ou du flamenco espagnol (2010).
Trois propositions françaises
La France, qui compte déjà 24 « classés » (parmi lesquels la culture de la baguette, le compagnonnage, les fest-noz ou les chants corses), se classe au troisième rang des nations les plus « distinguées » (derrière la Chine, avec 35 éléments, et la Turquie, qui en totalise 27).
Elle propose cette année trois traditions au Patrimoine immatériel de l’Unesco : l’art de la construction en pierres sèches, le savoir-faire des couvreurs-zingueurs restaurateurs et décorateurs des toits en zinc de Paris et, avec la Belgique, la culture foraine qui engendre les événements éponymes dans les villes et villages de ces deux nations.
Notre dossier « Patrimoine mondial de l’Unesco »
Adoptée en 2003 et entrée en vigueur en 2006 après ratification par trente États membres, la convention sur le patrimoine culturel immatériel, après un début hésitant, est aujourd’hui un succès diplomatique, avec 183 signataires, représentant presque l’ensemble de la communauté internationale. Environ 145 États ont vu un ou plusieurs de leurs éléments culturels validés.
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