NOUVELLE-CALÉDONIE – À mi-chemin. Ce 4 octobre, 180.640 électeurs doivent dire s’ils veulent que la Nouvelle-Calédonie reste française ou accède à l’indépendance.
Avant le référendum, le territoire peut déjà mesurer le chemin parcouru. Depuis les accords de Matignon en 1988 puis l’accord de Nouméa en 1998, les changements dans l’archipel ont été nombreux, à commencer par les institutions qui régissent la vie des insulaires, comme vous pouvez le découvrir dans la vidéo en tête de cet article.
Un premier scrutin a déjà eu lieu le 4 novembre 2018 et avait été remporté par les partisans du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France avec 56,7% des suffrages. Un troisième référendum est encore possible d’ici 2022 dans le cadre du processus de décolonisation de l’accord de Nouméa (1998).
Les partis qui constituent le paysage politique des îles du pacifique partent en ordre dispersés: indépendance avec partenariat, statut particulier pérenne dans la République ou souveraineté partagée au sein de la France.
Souveraineté, loyalisme ou indépendance
Parti historique de lutte indépendantiste kanak, le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) souhaite la création d’un Etat souverain, baptisé Kanaky Nouvelle-Calédonie, qui soit “un pays souverain, démocratique, pluriculturel et laïque”.
En face, les Loyalistes, front regroupant six partis non indépendantistes dont le principal l’Avenir en Confiance (AEC) mais également le Rassemblement national, souhaite que la Nouvelle-Calédonie accède “de manière pérenne” à “un statut particulier” dans la France, constitutionnalisé.
Enfin, Calédonie ensemble, parti de centre droit minoritaire mais disposant de trois parlementaire sur quatre (2 députés et 1 sénateur), propose une solution médiane de très large émancipation “au sein de la République”.
Favorable à la “calédonisation des administrations régaliennes”, cette formation, qui revendique un nationalisme calédonien, entend “conquérir des souverainetés des temps modernes (alimentaire, énergétique…) afin d’asseoir l’émancipation économique du pays”. Un domaine dans lequel la Nouvelle-Calédonie est encore très dépendante de la métropole, au regard des changements accomplis depuis trente ans.
Nom, drapeau, hymne, devise, graphismes de billets de banque: tout cela constitue le chapitre des symboles dont la Nouvelle-Calédonie s’est s’emparée en vertu de l’accord de Nouméa. Au-delà de l’image, c’est aussi la culture kanak qui a trouvé des relais locaux: avec les institutions que sont le Congrès et le Sénat coutumier, la mise en place du centre culturel Tjibaou fut un pas important vers le “rééquilibrage” réclamé par les indépendantistes.
Ces éléments forts de l’affirmation de la Nouvelle-Calédonie restent néanmoins l’arbre qui cache la forêt aux yeux de bien des analystes. Le peuple kanak, représenté au sein du Sénat coutumier, reste à l’écart de la prospérité de l’archipel: ils sont 38% d’actifs à avoir un emploi, contre 70% pour le reste de la population. Le signe pour certains de la persistance d’un pouvoir colonial en Nouvelle-Calédonie.
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