Le secteur agricole connaît à nouveau une agitation intense. Plusieurs événements sont programmés ce lundi à travers la France. Olivier Damaisin, le coordinateur national du plan de prévention contre le mal-être en agriculture, se rendra pour sa part dans l’Hérault pour discuter avec les syndicats agricoles.
Depuis deux années, Olivier Damaisin, ancien député du Lot-et-Garonne, exerce la fonction de coordinateur national du plan sur la prévention du mal-être en agriculture. On estime qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours en France.
Il prendra part ce lundi matin, en préfecture de l’Hérault à Montpellier, à une réunion avec les porte-parole du secteur agricole dans la région.
Le secteur agricole est de nouveau en émoi. Peut-on dire que la crise en début d’année n’a servi à rien puisque nous en revenons aux mêmes préoccupations aujourd’hui ?
Je ne dirais pas qu’elle n’a eu aucun impact, bien au contraire. La première chose à mes yeux, c’est qu’elle a repositionné les agriculteurs au centre des préoccupations, soulignant leur importance dans notre pays. C’est une reconnaissance significative de leur métier. De ce point de vue, ils ont réalisé des avancées. C’était crucial pour eux.
Dans le secteur agricole, il semble que les avancées soient limitées.
Il y a eu plusieurs mesures instaurées, et d’autres sont en attente. Cependant, en discutant avec des anciens du ministère de l’Agriculture, ils m’indiquent qu’ils n’ont jamais vu autant de mesures et d’annonces en si peu de temps. Pourtant, il y avait tant de retards accumulés sur les 30 dernières années.
Pourquoi continuent-ils à manifester aujourd’hui ?
C’est principalement pour des questions de pouvoir d’achat. En outre, la revendication la plus pressante concerne le Mercosur. La Ministre a déclaré dimanche dernier que la France s’opposerait à cet accord. Michel Barnier, notre Premier ministre, s’est également rendu à Bruxelles mercredi.
Les agriculteurs constatent que la quasi-totalité des politiques, tous bords confondus, ainsi que 662 députés, ont signé une motion au Parlement européen demandant une opposition au Mercosur dans sa forme actuelle. Ils considèrent qu’il serait parfois préférable d’avoir un accord plutôt que de ne rien avoir du tout.
On va voir si cela leur apporte un peu de réconfort, surtout depuis l’annonce du président hier soir. Ils remarquent qu’ils sont soutenus par une grande majorité de responsables politiques, ce qui est rare sur n’importe quel sujet. C’est pourquoi je souligne que les Français, qu’ils soient politiques ou citoyens, ont vraiment pris conscience de l’importance de nos agriculteurs.
On affirme qu’un agriculteur se suicide en France tous les deux jours. Ce chiffre vous semble-t-il exact ?
C’est effectivement le cas, oui.
On évoque 9.000 suicides par an.
Ces statistiques sont issues des données nationales. Nous vivons dans un pays où le taux de suicide est élevé par rapport à d’autres nations européennes. Mais il est difficile d’obtenir une réelle précision sur le nombre de suicides par profession.
Quelles actions concrètes l’État mettent-il en place pour lutter contre ce fléau qui affecte l’agriculture française, en dehors des négociations concernant le Mercosur ? Car le mal-être est vaste et perdure depuis bien plus longtemps.
Effectivement, je suis d’accord. J’ai rédigé un rapport en tant que parlementaire en 2020 et l’une de mes surprises a été de découvrir que beaucoup d’agriculteurs se suicidaient en raison de l’isolement et de la solitude, plutôt qu’à cause de problèmes financiers comme je le pensais initialement.
Malheureusement, c’est le cas. En fin de compte, quand on fait face à un souci financier, on est souvent repéré par les créanciers, la MSA ou d’autres. Cependant, dans les cas d’isolement et de solitude, il est possible de ne pas avoir de problèmes financiers, et cependant, cela entraîne des actions tragiques.
Ma proposition a été de réunir autour d’une table tous les intervenants dans chaque département, avec la désignation d’un coordinateur. Jusqu’à présent, plusieurs organismes venaient en aide aux agriculteurs, mais chacun agissant de manière isolée.
C’est une situation présente dans tous les départements de France. La réunion qui va se dérouler ce matin en préfecture sera animée par Monsieur le préfet François-Xavier Lauch, qui rassemblera tous les acteurs du secteur agricole.
Est-ce suffisant de se réunir autour d’une table pour résoudre le mal-être agricole ?
C’est une étape importante. Il est essentiel que l’agriculteur soit écouté, qu’il sorte de son isolement et qu’il comprenne qu’une aide est disponible et que nous sommes là pour les soutenir, car ils sont indispensables pour nous.
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