Les messages, potentiellement trompeurs pour les citoyens américains ou attisant la haine envers divers groupes, auront été vus par de nombreuses fois plus de personnes que celles ayant réellement effectué un achat.

Ceux qui gèrent le réseau de pages Facebook au Nigeria peuvent simplement croire que les clickbaits ciblant les États-Unis sont le meilleur moyen d’augmenter le nombre de personnes qui voient leurs arnaques. En revanche, les opérations de commerce électronique identifiées par TBIJ donnent chaque impression d’être fièrement américaines.

Pourtant, l’analyse des adresses physiques répertoriées et de la présence en ligne suggère que les entreprises sont au moins en partie gérées depuis le Vietnam, les Philippines, le Pakistan, l’Inde et la Croatie (avec des administrateurs de pages Facebook basés dans ces pays). Aucun des sites de commerce électronique identifiés par TBIJ n’a fourni d’adresse américaine pouvant être liée à leur entreprise.

United Patriot, qui dit que sa “collection patriote d’articles vestimentaires incroyables … est entièrement imprimée localement ici en Amérique,” affirme sur sa page Facebook et son site web être située à une adresse à Gardena, en Californie. Cependant, TBIJ n’a pas pu trouver de preuve que cette entreprise était enregistrée à cette adresse. La seule autre activité commerciale trouvée à cette adresse était un entrepôt fournissant des services pour des expéditions en gros pour des personnes basées à l’étranger, ainsi que deux boutiques en ligne qui ont été accusées dans des avis Google d’être des arnaques.

Le Better Business Bureau, une organisation à but non lucratif axée sur la “confiance sur le marché”, a informé United Patriots en novembre 2022 qu’il devait modifier ou justifier les déclarations faites sur son site web concernant des articles “imprimés aux États-Unis.”

Un autre tel site, Red First LLC, dit qu’il est basé à Carrollton, Texas, à la même adresse qu’un commerçant frauduleux prétendant revendre des vêtements Ralph Lauren. Cela ne signifie pas nécessairement que les entreprises appartiennent à la même personne, mais indique que l’adresse a pu être utilisée par des arnaqueurs.

Aucune de ces opérations ne pousse strictement des messages d’extrême droite. Red First LLC (qui trafique nettement moins de haine et de désinformation que les trois autres entreprises) a créé au moins 5 000 annonces au cours des deux dernières années. Bien qu’elle promeuve principalement des marchandises et du contenu de droite, tels que des T-shirts portant des insultes misogynes envers Harris et des panneaux suggérant que l’élection de 2020 a été volée, elle a également, dans un nombre restreint de cas, publié du contenu pro-Harris. L’impératif commercial derrière l’opération signifie qu’elle n’est pas réticente à soutenir l’autre côté.

Meta Sous Surveillance

Alors que les tentatives d’influencer l’opinion publique et les élections se sont intensifiées sur les réseaux sociaux, des entreprises telles que Meta, propriétaire de Facebook, sont sous surveillance pour le rôle qu’elles jouent en accueillant de mauvais acteurs essayant de polariser l’opinion publique sur leurs plateformes.

En 2021, Frances Haugen, une ancienne employée de Facebook, a tiré la sonnette d’alarme sur le rôle de l’entreprise dans la propagation de la désinformation et l’augmentation de la haine raciale. De nombreuses études ont également montré que les algorithmes des plateformes de médias sociaux, y compris celui de Facebook, créent de plus grandes opportunités d’engagement pour du contenu d’extrême droite, conspirationniste et haineux.

“L’élection américaine est un événement politique déjà tendu et diviseur. Si l’objectif de ces arnaqueurs est d’attirer les gens, alors faire appel directement à l’émotion pour contourner la critique médiatique est essentiel,” déclare Joe Ondrak, responsable de la recherche et de la technologie chez la startup anti-désinformation Logically.

“Il y a probablement un grand nombre de victimes potentielles et des récits facilement exploitables parmi lesquels ils peuvent choisir. La manière dont les algorithmes récompensent l’engagement signifie que la désinformation, les théories du complot et les discours de haine sont des moyens faciles de trouver un large public.”