Olaf Scholz a rencontré le président ukrainien, Volodymyr Zelenskyy, lors d’une visite non annoncée à Kyiv, qui était sa première depuis les premiers mois de la guerre à grande échelle, alors qu’il cherchait à rassurer l’Ukraine sur le soutien allemand.

Le chancelier allemand a annoncé un paquet d’aide militaire d’une valeur de 650 millions d’euros (540 millions de livres sterling) lors de son voyage au milieu des doutes concernant sa politique envers l’Ukraine à domicile et de l’incertitude quant à la présidence à venir de Donald Trump et ce que cela pourrait signifier pour la guerre en Ukraine.

Prenant la parole à Kyiv, Scholz a réitéré que la Russie ne devrait pas être autorisée à “imposer une paix dictée à l’Ukraine” lors de quelque négociation que ce soit, et a déclaré qu’aucune décision ne devrait être prise sans la présence de l’Ukraine. Il a parlé d’espoirs de trouver “une paix équitable, juste et durable”.

Il a déclaré que l’Allemagne “restera le plus grand soutien de l’Ukraine en Europe” et a promis des livraisons d’armes rapides.

Scholz est arrivé à la gare centrale de Kyiv tôt lundi matin, souriant et tenant un grand porte-documents en métal en descendant du train. Lui et Zelenskyy ont effectué une visite conjointe dans un hôpital pour rencontrer des vétérans de guerre blessés, et ont également rencontré des producteurs de drones.

La visite semblait destinée à rassurer l’Ukraine sur le soutien allemand, après que Scholz a fait face à des critiques pour un récent appel téléphonique qu’il a initié avec Vladimir Poutine, et avec une grande partie de l’Europe préparée au retour de Trump, qui a affirmé qu’il pourrait mettre fin à la guerre en 24 heures.

Scholz a également un œil sur sa situation politique intérieure, où il fait face à un vote de confiance dans deux semaines et espère une réélection lors d’un scrutin en février convoqué après l’effondrement de son gouvernement de coalition le mois dernier. Il a été critiqué à la fois par des politiciens qui souhaitent que l’Allemagne cesse d’envoyer des armes à l’Ukraine et par ceux qui veulent qu’il fasse plus, y compris l’envoi de missiles Taurus à longue portée à Kyiv, ce qu’il a jusqu’à présent refusé de faire.

“Nous travaillons à avoir plus de terrain d’entente sur la question des Taurus,” a déclaré Zelenskyy lors d’observations conjointes à la presse avant les entretiens, tout en disant que l’Ukraine était reconnaissante pour toute l’autre aide que l’Allemagne a fournie.

La guerre est au cœur des préoccupations en Allemagne et devrait jouer un rôle important dans les prochaines élections. Elle est également très présente dans l’esprit des Allemands, notamment parce qu’ils ont été invités à réfléchir à leur préparation à la guerre, en construisant des abris ou des bunkers et en stockant des provisions, au milieu des conseils des services de renseignement allemands selon lesquels la Russie pourrait être capable d’attaquer le pays dans les cinq prochaines années.

Scholz a tenté de se présenter comme un “chancelier de la paix” et a nié ce week-end qu’il “instrumentalisait” le conflit ukrainien pour son propre bénéfice politique. “C’est un sujet sur lequel je parle ou pas,” a-t-il déclaré lors d’une réunion de ses sociaux-démocrates, accusant le chef de l’opposition Friedrich Merz, qui pourrait être le prochain chancelier allemand, de donner en effet un ultimatum à la Russie qu’il a averti pourrait rapidement entraîner une escalade.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, était pendant ce temps à Beijing lundi, où elle a dit à son homologue chinois, Wang Yi, que le soutien de Beijing à Moscou contribuait à une intensification de la guerre contre ses intérêts.

“Le président russe ne détruit pas seulement notre ordre de paix européen par sa guerre contre l’Ukraine, mais il entraîne maintenant l’Asie dans ce conflit via la Corée du Nord,” a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse, en référence au récent déploiement de troupes nord-coréennes et à l’utilisation de drones fabriqués en Chine.

Scholz a irrité l’Ukraine lorsqu’il a appelé Poutine le mois dernier, une conversation que le chancelier allemand a déclaré viser à informer le président russe que le soutien occidental à l’Ukraine ne faiblirait pas et à sonder s’il y avait un assouplissement des conditions de Moscou pour des négociations. C’était la première fois qu’un dirigeant d’un pays occidental majeur avait appelé Poutine depuis la fin de l’année 2022.

“Monsieur Poutine, ne vous attendez pas à ce que nous réduisions notre soutien. Vous devez trouver une issue à cette guerre. Vous devez arrêter vos attaques et retirer vos troupes,” a déclaré Scholz après l’appel, résumant son message.

L’appel a été vivement critiqué, y compris par Zelenskyy, qui a déclaré à l’époque que Scholz pourrait ouvrir une “boîte dePandore” en s’adressant à Poutine. “ Maintenant, il peut y avoir d’autres conversations, d’autres appels. Juste beaucoup de mots … Et c’est exactement ce que Poutine a longtemps voulu : il est crucial pour lui de réduire son isolement, l’isolement de la Russie,” a déclaré Zelenskyy.

L’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne, Oleksiy Makeyev, a également exprimé sa colère face au refus de Scholz d’envoyer des missiles Taurus en Ukraine, soutenant que cela encourageait Moscou à mener d’autres attaques. “C’est mal de divulguer ce que vous ne ferez pas,” a-t-il déclaré. “C’est un chèque en blanc pour les Russes.”

Trump a promis de faire de la paix rapide en Ukraine une priorité diplomatique lorsqu’il prendra ses fonctions, ayant précédemment déclaré qu’il pourrait résoudre le conflit “en 24 heures”, mais a donné peu de détails sur la façon dont il le ferait. Le président élu des États-Unis a récemment nommé le général à la retraite Keith Kellogg comme son envoyé pour l’Ukraine et la Russie.

Selon un compte rendu du Kremlin de la conversation de le mois dernier entre Poutine et Scholz, le président russe a exigé que tout accord potentiel sur l’Ukraine soit basé sur les “nouvelles réalités territoriales et traite des causes profondes du conflit”. Poutine a précédemment déclaré qu’il voulait quatre territoires revendiqués par la Russie en 2022, ainsi que la Crimée, et une garantie que l’Ukraine ne rejoindrait pas l’OTAN.

Zelenskyy a déclaré dimanche qu’il était prêt à discuter du gel du conflit le long des lignes actuelles tant que l’Ukraine recevait une invitation à l’OTAN ou des garanties de sécurité équivalentes.