Qui sont les principaux acteurs et comment se portent-ils dans les sondages ?

L’un des deux partis historiques de centre-droit d’Irlande, le Fine Gael et le Fianna Fáil, a dirigé tous les gouvernements irlandais au cours du dernier siècle. Lors de la dernière élection, en 2020, les deux rivaux de longue date ont formé une coalition ensemble pour la première fois, rejoins par le plus petit parti vert.

Les deux partenaires principaux ont convenu de faire tourner le poste de Premier ministre, ou taoiseach, au milieu de leur mandat. En mars, le leader du Fine Gael, Leo Varadkar, a démissionné. Harris, connu sous le nom de “taoiseach TikTok” pour ses compétences médiatiques, a pris la relève, reboostant le parti et supervisant une remontée dans les sondages.

Pendant ce temps, le principal parti d’opposition – le Sinn Féin, de gauche et républicain, qui a obtenu le vote populaire en 2020 et terminé deuxième en termes de sièges derrière le Fianna Fáil – a vu sa popularité plonger en raison de politiques d’immigration peu claires et d’une série de scandales.

Il y a deux ans, le Sinn Féin, dirigé par Mary Lou McDonald, était à 36% dans les sondages en Irlande et, installé en tant que plus grand parti de l’assemblée d’Irlande du Nord, avait de grands espoirs de former son premier gouvernement à Dublin, ouvrant la voie à un référendum sur la réunification irlandaise.

Les moyennes de sondages actuelles placent le Fine Gael à environ 24%, le Fianna Fáil, dirigé par le ministre des affaires étrangères, Micheál Martin, à 21% et le Sinn Féin à seulement 18%, aucun des autres petits partis restant ne dépassant 5% et les indépendants et autres totalisant environ 21%.

Quel est le système et comment fonctionne-t-il ?

Attention, c’est compliqué.

Après des changements recommandés par la commission électorale, la nouvelle Dàil d’Irlande, ou chambre basse du parlement, comptera 174 députés, connus sous le nom de Teachta Dála ou TD, contre 160 lors de la dernière fois, représentant 43 circonscriptions (en augmentation de quatre).

Les circonscriptions élisent trois, quatre ou cinq TD. Près de 700 candidats, dont plus de 170 indépendants, se présentent – mais aucun des 20 partis en lice ne présente suffisamment de candidats pour remporter une majorité par lui-même, ce qui signifie qu’un autre gouvernement de coalition est certain.

L’Irlande utilise un système électoral de représentation proportionnelle avec vote unique transférable, ce qui signifie que les électeurs classent leurs candidats préférés – autant qu’ils le souhaitent – par ordre, marquant leur premier choix avec un 1, leur deuxième choix avec un 2, et ainsi de suite.

Le dépouillement a alors lieu sur plusieurs tours, avec des candidats ayant besoin d’atteindre une part de vote particulière en fonction de leur circonscription pour être élus. Si le choix numéro un d’un électeur a déjà atteint ce quota ou est éliminé, son vote va à son prochain choix.

Avec 20 candidats ou plus dans certaines circonscriptions, le dépouillement – comme cela a été le cas lors de la précédente élection de 2020 – pourrait bien prendre plusieurs jours. Ce n’est qu’alors que des négociations qui pourraient durer plusieurs mois pourront commencer pour former un nouveau gouvernement et la Dàil élira le nouveau taoiseach.

Quelles sont les principales questions et quel est l’issue probable ?

Le coût de la vie reste une préoccupation majeure pour les électeurs et, bien que la baisse des taux d’intérêt et un récent budget de 10,5 milliards d’euros aient pu amortir la douleur, le Fine Gael et le Fianna Fáil sont bien conscients que la hausse des prix représente un danger pour les partis en place.

Le financement des soins de santé est une autre grande question, tout comme la crise du logement qui perdure en Irlande, les jeunes ayant particulièrement du mal avec des loyers exorbitants et 61% des répondants irlandais (contre 10% au niveau de l’UE) mentionnant l’habitat comme l’un des deux principaux problèmes du pays l’année dernière.

L’immigration et l’asile est un autre sujet brûlant, avec un nombre record d’arrivées cette année et une polarisation croissante sur la question alimentée par des acteurs d’extrême droite, conduisant parfois à des manifestations violentes. Les sondages montrent qu’environ deux tiers des personnes veulent des contrôles plus stricts.

Une question moins épineuse qui est également soulevée est : que faire des 14 milliards d’euros de l’argent fiscal d’Apple qui arrivent en Irlande grâce à une décision de la plus haute cour de l’UE ? Certains plaident pour des dépenses en logement et infrastructures, d’autres en éducation et lutte contre la pauvreté.

Le Sinn Féin devrait terminer bien devant le Fine Gael et le Fianna Fáil pour couper le chemin de réélection de ses rivaux, puisque les deux ont promis de gouverner de nouveau ensemble sans lui. Cela ne semble pas probable, et peu de grands changements de politique sont en perspective.

Lorsque les résultats deviendront enfin clairs après la fermeture des bureaux de vote à 22h00 vendredi prochain, les experts affirment que les deux principaux partis de centre-droit d’Irlande devraient être en mesure de former une nouvelle coalition avec les Verts, un autre petit parti de centre-gauche ou un groupe d’indépendants.