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Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.Au menu de ce nouveau graphorama : la baisse du nombre de lits d’hôpitaux se poursuit ; le revenu disponible médian en France a baissé entre 2010 et 2023, en comptant l’inflation ; les moteurs de la croissance française sont en panne ; l’électricité est plus taxée que les énergies fossiles par kilo de CO2 émis.

1/ Toujours moins de lits à l’hôpital

Crise sanitaire, crise des urgences, mode « dégradé », patients qui meurent dans les couloirs sur des brancards… Rien n’y fait : les années passent et, à l’hôpital, le « virage ambulatoire » – c’est-à-dire des hospitalisations sans nuitée ou avec un patient hospitalisé à domicile – progresse.

En 2023, « le recul du nombre de lits se poursuit (- 1,3 %, après – 1,8 % en 2022 et – 1,4 % en 2021) », indique la Drees, le service statistique du ministère de la Santé, sur le sujet. Un recul plus rapide qu’avant la crise sanitaire (- 0,9 % par an en moyenne entre 2013 et 2019).

Le nombre de places en hospitalisation partielle ou à domicile, lui, continue de progresser (+ 4,1 %), et ce à un rythme plus soutenu qu’avant la crise (+ 2,5 % par an). Quant au nombre de lits en soins critiques, il poursuit son reflux (- 1 % en 2023), tout comme la capacité d’accueil en réanimation (- 1,7 %) – même si cette dernière reste supérieure de 3,2 % à ce qu’elle était fin 2019.

Certes, on ne soigne plus aujourd’hui comme il y a vingt ans, et certaines innovations technologiques ou médicamenteuses permettent souvent aux patients de sortir plus vite. Mais ce « virage ambulatoire » est mené à marche forcée pour faire des économies, alors que les conditions pour une hospitalisation à domicile ou partielle ne sont pas toujours réunies, par exemple si le patient vit dans un logement insalubre ou n’a pas les moyens de s’adjoindre les services de prestataires extérieurs.

Céline Mouzon

2/ Depuis 2010, les Français se sont appauvris (et plus que leurs voisins)

Depuis 2010, les Français sont-ils plus pauvres que leurs voisins ? Plus pauvres dans l’absolu ? Les deux, répond Eurostat. Dans la dernière livraison de sa publication « Les conditions de vie des Européens », le service statistique de l’Union européenne (UE) présente un graphique sur l’évolution du revenu médian disponible réel dans les pays de l’UE entre 2010 et 2023.

Le « revenu disponible » inclut tous les revenus, retraites, prestations sociales comprises, moins les impôts payés. Le « revenu médian » indique qu’une moitié de la population gagne plus, et que l’autre moitié gagne moins. Enfin, le « revenu réel » signifie qu’on a tenu compte des effets de l’inflation.

Pour l’ensemble de l’Union européenne, ce revenu médian disponible réel a augmenté de 18,5 % entre 2010 et 2023. Mais les différents pays progressent plus ou moins vite… Et certains régressent. Cinq pays ont en effet vu leur revenu disponible médian réel diminuer : l’Espagne, l’Italie, la Grèce, Chypre et… la France.

En 2023, ce revenu pour la France est inférieur de 1,8 % à ce qu’il était en 2010, ce qui nous classe derrière la Grèce et à égalité avec Chypre. En examinant l’évolution sur la période, on constate que le revenu ne fait que progresser entre 2010 et 2017, année pour laquelle il atteint un plateau, maintenu en 2018, avant d’entamer une baisse régulière. C’est l’un des legs économiques et sociaux de la politique mise en œuvre sous les deux mandats d’Emmanuel Macron.

Christian Chavagneux

3/ La croissance patine toujours

Depuis la crise sanitaire, hormis un rebond post-Covid en 2021, la croissance stagne et les choix du gouvernement actuel n’amélioreront pas la situation. En 2024, le produit intérieur brut (PIB) devrait croître de 1,1 %, comme en 2023, freiné par la consommation morose des ménages. Malgré le reflux de l’inflation (1,2 % sur un an, contre 4 % en octobre 2023) et une hausse des salaires supérieure à celle des prix, la consommation peine à redémarrer.

L’investissement des ménages, lui, se repliait au printemps pour le douzième trimestre consécutif. On voit là le résultat de la prudence des ménages dans un contexte politique instable, marqué par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin. L’Insee prévoit toutefois une légère amélioration fin 2024 grâce à la baisse des taux d’intérêt, susceptible de soutenir l’immobilier. Cependant, la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) ne produirait pas encore ses effets pour les entreprises.

Quant aux Jeux olympiques, ils ont stimulé l’économie cet été, mais le contrecoup de l’événement a ralenti la croissance à l’automne. Il reste donc, d’une part, le commerce extérieur : en 2024, les exportations devraient être plus dynamiques que les importations – affaiblies par la demande – et donc soutenir l’économie. Mais cela ne devrait pas durer, selon l’Insee.

D’autre part, le moteur des dépenses publiques devrait aussi caler l’an prochain à cause du budget que concocte le gouvernement. Ce qui mettrait un coup de frein à la consommation des ménages, pénalisée par une austérité qui pèse sur leurs revenus.

Juliette Le Chevallier

4/ L’électricité beaucoup plus taxée que les carburants par kilo de CO2 émis

Michel Barnier va-t-il tomber sur son projet de hausse de taxe sur l’électricité ? Marine Le Pen a déclaré cette mesure « inadmissible » et promet une censure du gouvernement « si le budget reste en l’état ». Mais au-delà du Rassemblement national, ce projet de lever 3 milliards d’euros supplémentaires via le relèvement de l’accise sur l’électricité fait pratiquement l’unanimité contre lui.

En 2021, cette taxe représentait 32 euros par mégawattheure (€/MWh), mais le « bouclier tarifaire » avait conduit à quasiment la supprimer en 2022-2023 afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages et les entreprises. Début 2024, un premier relèvement à 22,5 €/MWh a été décidé en raison de la baisse des prix de gros de l’électricité.

Et maintenant ? A travers son projet de loi de finances présenté début octobre, le gouvernement ne veut pas seulement revenir aux 32 €/MWh d’avant-crise, mais dégager 3 milliards de recettes supplémentaires, en portant l’accise à environ 40 €/MWh. L’exécutif argue que la chute des prix de l’électricité rendra cette hausse indolore, et que les factures baisseraient quand même de 9 %. Mais sans la hausse de taxe, ces factures auraient diminué de 15 %.

La mesure est aussi critiquée pour des raisons écologiques. « Ramenée à la tonne de CO2 émise, la taxation de notre électricité déjà largement décarbonée est bien plus élevée que les taxes sur les énergies fossiles, écrit l’économiste Christian de Perthuis. Le projet de loi de finances soumis au Parlement laisse pourtant inchangées les accises sur ces énergies plus émettrices, dont le prix a également baissé sur les marchés. »

Certes, dans l’absolu, les taxes sur l’essence et le gazole rapportent plus que celles sur l’électricité. Mais à l’heure où l’enjeu est d’électrifier les usages et de désinciter le recours aux fossiles, c’est bien le CO2 qu’il faut taxer prioritairement, moyennant des mécanismes de redistribution pour les bas revenus et les entreprises touchées.

Antoine de Ravignan


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