Jusqu’à présent, les systèmes d’IA ont été conçus en grande partie pour être basés sur des algorithmes et axés sur les entrées et les sorties. Mais un débat est en cours dans les secteurs des technologies numériques et de l’éducation sur la valeur positive de la conception multidisciplinaire et sur l’importance des résultats au-delà de la maximisation des revenus et de l’efficacité à grande échelle.

En 2024, la créativité sera le moteur de l’innovation dans le domaine de l’IA. Jusqu’à présent, l’IA a organisé les choses, mais la sortie de nouveaux outils génératifs offre d’énormes opportunités aux créateurs. Guidée par des technologues créatifs et des leaders des deux côtés du fossé entre la créativité et la technologie, l’IA en 2024 sera réfléchie, plus inclusive et axée sur l’impact. Contrairement à la croyance selon laquelle les systèmes d’IA étouffent la créativité, cela catalysera l’inventivité dans les entreprises et le monde universitaire. Voici ce à quoi nous pouvons nous attendre :

Léonard de Vinci, humaniste et polymathe de la Renaissance, est l'exemple même de l'innovation multidisciplinaire : peintre, dessinateur, ingénieur, scientifique, théoricien, sculpteur et architecte, son œuvre couvre l'anatomie, l'astronomie, la botanique, la cartographie, la peinture et la paléontologie. À l'ère de l'intelligence, le domaine du design spéculatif centré sur l'humain, qui étudie le lien entre la science, la technologie et l'humain, connaîtra sa propre renaissance dans l'industrie technologique.

Les concepteurs spéculatifs, les technologues créatifs et les concepteurs informatiques qui travaillent avec l’IA, les réalités hybrides et mixtes vont remodeler les outils numériques qu’ils utilisent jusqu’à présent. Ils accordent moins d’importance au produit et davantage au processus et aux considérations autour d’une IA responsable et éthique.

En 2024, les universités d'arts libéraux vont redoubler d'efforts pour proposer des programmes qui, grâce à la recherche, à de nouveaux cours et à l'échange de connaissances, permettront aux créatifs d'exploiter le code comme outil et l'IA comme matériau qu'ils façonnent. Parmi les principales institutions figurent le Human-Centered AI Lab de Stanford et le Creative Computing Institute de l'Université des Arts de Londres, créé en 2020 à l'intersection de la créativité et des technologies informatiques, où les universitaires explorent les cadres critiques de la décolonisation, de la décarbonisation et des questions de justice sociale.

Nous verrons des initiatives en matière de technologies créatives et éthiques de la part des Big Tech, ainsi que des investissements dans des bacs à sable et des incubateurs similaires à la plateforme que j’ai fondée, Open-Ended, qui étudie l’IA générative et les grands modèles linguistiques dans l’ensemble du spectre des technologies émergentes.

Mural, l'équipe d'IA créative et technologique de Google, fait partie de son groupe de recherche sur l'apprentissage automatique. Mural s'appuie sur la conception spéculative pour réfléchir à la manière dont l'IA peut bénéficier à la société et à la planète afin de « questionner, provoquer… et explorer des imaginaires alternatifs pour l'IA », et de les ramener à la recherche fondamentale de Google sur l'IA. En 2024, Mural s'associera à l'Université des Arts Appliqués de Vienne pour associer l'IA à la conception postindustrielle et spéculative, sous la direction de la conférencière Anab Jain.

D’ici 2030, 134 milliards de dollars auront été investis dans les technologies immersives, ce qui nécessitera de nouveaux contenus et de nouvelles idées. Nous verrons des collaborations créatives axées sur la recherche avec la robotique, les jeux et les plateformes numériques. Les artistes qui explorent l’intelligence humaine et celle des machines proposeront de reconsidérer le concept d’« intelligence » fondé sur une formule qui est intégré aux systèmes d’IA, pour y inclure l’intelligence créative, l’empathie, l’intelligence des autres espèces, ainsi que la sagesse des cultures autochtones.

Ces créateurs sont de plus en plus nombreux et influents. Le chorégraphe polymathe Wayne McGregor lance un projet avec Niantic en 2024 sur le concept d’« intelligence physique incarnée ». Des artistes comme Es Devlin et Refik Anadol fusionnent l’art, la science et la technologie pour interroger et exploiter les systèmes d’IA ; ils présentent leur pratique virtuellement et dans le monde entier, du Museum of Modern Art au Forum économique mondial et à l’Assemblée générale des Nations Unies.

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p class= »paywall »> En 2024, la conception de l’IA ne sera pas isolée. Elle sera intégrée aux enjeux mondiaux : inégalités économiques, culture et créativité, géopolitique, avenir de l’alimentation, indépendance énergétique et changement climatique. Dans la lignée du modèle de conception spéculative, il n’est pas nécessaire de proposer des « solutions » claires : il faut donner la priorité à la créativité, à l’humanité et à l’écologie.

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