Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.
Au menu de ce nouveau graphorama : l’objectif « zéro déforestation en 2030 » s’éloigne dangereusement ; la crise politique en Nouvelle-Calédonie a fait décoller le chômage ; les fonctions publiques territoriale et hospitalière ont un problème de retraite ; le nombre de cyclistes tués sur la route augmente.
1/ Biodiversité : la déforestation mondiale est repartie à la hausse
A la COP16 Biodiversité qui se tient en Colombie du 21 octobre au 1er novembre, les 196 Etats participants sont attendus sur la mise en œuvre des 23 objectifs qu’ils se sont fixés avec l’accord de Kunming-Montréal signé il y a deux ans au Canada lors de la COP15.
La première cible sur la liste est de ramener à zéro, en 2030, la disparition des espaces de grande importance pour la biodiversité. Mais alors que les forêts sont un foyer majeur de la biodiversité planétaire, les déboisements, loin de décliner, tendent à progresser. C’est le constat que dresse le Forest Declaration Assessment, une ONG qui réalise un suivi des engagements de la communauté internationale en matière forestière. Notamment celui pris lors de la COP26 Climat de Glasgow, en 2021, d’atteindre le « zéro déforestation » en 2030.
Selon les données compilées par l’organisation, 6,37 millions d’hectares ont été déforestés en 2023 contre 6,26 millions par an en 2018-2020. Le facteur principal de cette déforestation (57 %) est l’extension des surfaces consacrées à l’agriculture industrielle, tirée par les importations européennes et chinoises.
Antoine de Ravignan
2/ Le chômage frappe durement la Nouvelle-Calédonie
La crise politique et les violences en Nouvelle-Calédonie frappent durement l’économie du territoire. L’Institut de la statistique et des études économiques (ISEE) estime une perte de 6 000 emplois au deuxième trimestre de cette année, dans un contexte déjà morose (-2 % pour l’emploi salarié au premier trimestre).
Entre le début des émeutes en mai et la fin août, la Kanaky a également perdu 910 travailleurs indépendants. En miroir, le nombre de personnes au chômage grimpe. Le nombre de bénéficiaires du chômage total a bondi de 3 000 à plus de 5 000 en juillet. Il a de nouveau baissé légèrement en août, s’établissant à 4 930 bénéficiaires. S’ajoute le chômage partiel : la moitié des entreprises employeuses ont fait une demande en ce sens, au titre des exactions, signale l’Isee.
Au pic de la crise, plus de 14 100 salariés ont été indemnisés en juin. Le nombre a depuis diminué et atteint 9 000 salariés en août. Lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie, le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet a annoncé que le chômage partiel continuera d’être financé jusqu’à la fin de l’année 2024. Il a également promis la poursuite de l’engagement de l’Etat pour sauver l’économie calédonienne, mais sans s’avancer plus précisément sur des montants, alors que la bataille parlementaire sur le budget fait rage à l’Assemblée.
Eva Moysan
3/ Alerte sur les retraites des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers
Il existe des acronymes a priori insignifiants mais capables de donner des sueurs froides aux agents de Bercy. La CNRACL en fait partie. Cette Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales, qui collecte et verse les pensions des fonctionnaires des fonctions publiques territoriale et hospitalière, est devenue une petite bombe pour les comptes publics.
Alors qu’elle dégageait encore un excédent de 15 milliards d’euros en 2017, sa situation s’est dégradée très rapidement : la caisse a affiché un déficit de 2,5 milliards en 2023, et, si rien n’est fait, la glissade devrait atteindre 11 milliards par an à partir de 2030, selon un rapport de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales).
L’explication principale est démographique : d’un côté, le nombre de cotisants régresse (depuis 2016), de l’autre, le nombre de bénéficiaires progresse (+41 % entre 2012 et 2022). Ce qui dégrade le ratio cotisants/pensionnés, comme le montre le graphique. A cela s’ajoute le recours de plus en plus fréquent à des contractuels, qui cotisent au régime général et non à la CNRACL. Cette évolution explique « un huitième de la détérioration du ratio démographique du régime », note l’Igas.
Enfin, la CNRACL est plombée par la « compensation généralisée vieillesse », un mécanisme de solidarité entre caisses de retraite. Depuis 1974, la CNRACL l’a ainsi abondé à hauteur de 100 milliards d’euros. Mais en raison des modalités de calcul de ce mécanisme, elle devra attendre 2027 pour être enfin aidée.
Face à l’urgence, le gouvernement a décidé d’augmenter les taux de cotisation des employeurs de 4 points en 2025. D’autres hausses suivront en 2026 et 2027, assure déjà l’exécutif. Reste à voir comment les collectivités locales, et surtout l’hôpital, parviendront à y faire face dans le contexte du régime sec qui leur est déjà imposé.
Vincent Grimault
4/ Le nombre de cyclistes tués sur la route augmente
La mort, à Paris, le 16 octobre, d’un cycliste renversé par un automobiliste a provoqué une vive émotion. Mais Paul Varry est loin d’être la seule victime du genre. Sur une année, entre octobre 2023 et septembre 2024, 240 cyclistes ont été tués dans un accident de la route dans le pays, selon le dernier bilan de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, dont la majorité sur des routes rurales.
Alors que les décès d’automobilistes ont diminué de 7 % entre 2019 et ces douze derniers mois, et que ceux de conducteurs de deux-roues motorisés ont baissé de 5 %, les morts de cyclistes ont augmenté de 28 %. Concernant les piétons, le nombre de décès est stable, à 483 sur les deux périodes.
Les cyclistes sont la seule catégorie pour laquelle les décès augmentent, à l’exception des conducteurs d’engins de déplacement personnels motorisés (EDPM) – comme les trottinettes électriques – dont l’usage s’est considérablement développé en cinq ans. Reste que la pratique du vélo a, elle aussi, progressé : +37 % entre 2019 et 2023 selon le réseau de collectivités Vélo & Territoires.
Au total, la mortalité sur les douze derniers mois est en hausse de 4 % par rapport aux douze mois précédents, et reste globalement stable sur la dernière décennie (hors période Covid), avec plus de 3 000 décès par an. En 1972, ce chiffre atteignait un record de 18 000 morts, et il a fallu de la volonté politique pour imposer des mesures de prévention. Alors que l’exécutif ne parle plus du plan vélo annoncé en 2023, et a renoncé à généraliser le passage des limitations de 90 km/h à 80 km/h, cette volonté ne semble pas d’actualité.
Matthieu Jublin
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