Croissance flageolante, déficit budgétaire sur une pente glissante, productivité en berne, déficits extérieurs importants, l’économie française n’est pas au mieux de sa forme, c’est le moins que l’on puisse dire ! Pour autant, sa dynamique n’est pas écrite d’avance. La puissance publique a toujours la capacité d’influer sur la trajectoire du pays par trois leviers clés : la politique monétaire, la politique budgétaire, les politiques structurelles.

Bonne nouvelle, du côté de la politique monétaire, ça va déjà dans le bon sens. La Banque centrale européenne (BCE) s’est engagée dans la voie de la réduction de ses taux directeurs, une baisse des taux d’intérêt qui rend le crédit moins cher. Le ralentissement rapide du rythme de la hausse des prix ces derniers mois, avec une inflation à 1,7 % en septembre dans la zone euro – contre 4,3 % en septembre 2023 – laisse augurer de futures baisses des taux. Les entreprises et les ménages peuvent emprunter moins cher et le coût de la dette publique s’en trouve diminué.

Certes, l’Etat français bénéficie un peu moins de cette situation que d’autres pays européens. Non pas que l’Hexagone ait de moins bons résultats sur l’inflation – 1,1 % seulement en septembre sur un an – mais les créanciers internationaux ont de plus en plus tendance à le mettre au même niveau que le Portugal et l’Espagne en termes de taux d’emprunt et le spread, l’écart de taux avec l’Allemagne, reste scotché entre 70 et 80 points de base contre 50 il y a encore peu de temps.

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Cela étant dit, selon les dernières prévisions de l’OFCE, la politique monétaire va jouer positivement en 2025 apportant 0,4 point de croissance – contre – 0,6 cette année.

Trop et trop mal

Du côté de la politique budgétaire, ce n’est pas la même chanson. Quel que soit le résultat final des débats parlementaires, la contribution à la croissance des finances publiques sera négative, nous sommes bien dans une politique d’austérité. Les dérapages à répétition du déficit budgétaire (5,5 % du PIB l’an dernier, 6,1 % cette année, 7 % si rien n’est fait l’an prochain selon Bercy) nécessitaient une réaction. Mais le gouvernement en fait trop et le fait mal.

Trop, parce que si l’on suit les règles du nouveau pacte de stabilité européen, un effort structurel – hors effet de la conjoncture – d’environ 20 milliards était suffisant, alors que selon le Haut conseil des finances publiques il sera deux fois plus élevé, autour de 40 milliards.

Et mal, parce que cet effort passe trop par une baisse des dépenses. Dans les grandes masses, l’effort structurel de 40 milliards se répartit entre 30 milliards de hausses de prélèvements et 10 milliards de réductions de dépense, et les impacts négatifs sur la croissance sont du même ordre : taper sur les dépenses casse bien plus la croissance qu’augmenter les recettes. Résultat : l’effet négatif sur l’activité va plomber les recettes l’an prochain et il sera difficile d’atteindre les 5 % de déficit budgétaire souhaité par le gouvernement.

Sans compter que nombre de nos partenaires européens vont suivre le même type de politique. L’Italie par exemple mais aussi l’Allemagne. Outre-Rhin, notre voisin connaît un fort ralentissement mais son ministre des Finances ultralibéral ne pense qu’à réduire les déficits et la dette, qui plus est en attaquant la protection sociale :

« Notre pays ne peut pas déployer ses ressources financières pour des profiteurs qui ne réalisent pas leur propre potentiel, mais veulent simplement tirer profit de la haute performance des autres. »

De l’austérité pour mieux stigmatiser les chômeurs pendant que les infrastructures publiques du pays s’effondrent. On marche sur la tête…

Pousser à l’innovation

Restent enfin, pour booster l’activité, les politiques structurelles. Mais pas à la mode Macron, sept ans de politique de l’offre ont démontré son inefficacité. Une bonne politique structurelle est orientée vers l’investissement et l’innovation. Là encore pourtant, la partie est mal emmanchée. Comme l’effet négatif de la rigueur budgétaire l’emporte sur l’effet positif de la baisse des taux, les perspectives de demande ne sont pas optimistes, en conséquence, les prévisions d’investissement des entreprises sont orientées à la baisse pour 2025.

Surtout, habitués à se doper aux baisses d’impôts et de cotisations sociales, les chefs d’entreprise français innovent bien moins que dans les autres pays. Les dépenses totales, publiques et privées, de recherche et développement (R&D) se situent à 2,2 % du PIB, au 15ème rang des pays de l’OCDE. Les entreprises représentent les deux tiers de ce moindre effort contre les trois quarts en moyenne dans l’OCDE, soit 2,6 % de leur valeur ajoutée contre 3,1 % dans l’OCDE.

Pourtant, le soutien public à la R&D des entreprises est plus important en France qu’ailleurs. Preuve que l’argent n’est pas dépensé à bon escient, crédit impôt recherche en tête, et que si le gouvernement cherche à couper des dépenses inutiles, il ferait bien de regarder de ce côté-là.

Si l’économie française veut repartir d’un bon pied, le gouvernement devrait amender sa politique budgétaire et pousser les entreprises à innover. Malheureusement, il n’en prend pas le chemin.

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