Niger: Quelle est l’action de l’ONG française Acted visée par l’attentat?
Le groupe était composé de six Français et deux Nigériens: un guide touristique et un chauffeur. Quatre hommes et quatre femmes. Ils avaient emprunté un 4X4 de l’ONG Acted pour visiter une zone devenue une attraction touristique il y a une vingtaine d’années, quand un petit troupeau de girafes peralta, une espèce qui a disparu du reste de la planète, fuyant braconniers et prédateurs, y avait trouvé un havre de paix.
“Les humanitaires ne devraient jamais être une cible”, a réagi l’ONG dans un communiqué publié dimanche.
“C’est un drame absolument sans précédent à Acted et à Impact (un groupe de réflexion rattaché à Acted, ndlr), car comme vous le savez il y a des staffs Acted et des staffs Impact (parmi les victimes, nldr)”, a déclaré la directrice générale et cofondatrice d’Acted Marie-Pierre Caley lors d’une conférence de presse ce lundi. “C’est un acte barbare, inqualifiable, qui est révoltant”, a-t-elle ajouté.
“La communauté internationale (doit réaliser) la contradiction qu’il y a entre nous demander de soutenir ces populations qui vivent de façon dramatique et nous laisser seuls confrontés à une violence où nous sommes devenus les cibles les plus faciles”, a lancé de son côté le cofondateur d’Acted Frédéric Roussel.
L’ONG va déposer plainte “pour que les familles sachent ce qui s’est passé précisément”, a indiqué l’avocat d’Acted, Me Joseph Breham.
Attaque au Niger : « Nous travaillons dans les zones les plus dangereuses, les zones rouges », explique Frédéric Roussel, directeur du développement d’Acted. « Le paradoxe fait que nos amis sont morts dans la seule zone jaune ou nous travaillons ». https://t.co/6BNQg8tZ5gpic.twitter.com/lYVodbcPpo
— franceinfo (@franceinfo) August 10, 2020
Près de 6000 salariés dans 37 pays
Fondée en 1993 et basée à Paris, l’Agence d’aide à la coopération technique et au développement intervient principalement dans des pays touchés par des conflits ou des catastrophes naturelles, mais aussi dans des zones sujettes à des problèmes de sécurité alimentaire et de santé publique.
“Acted a pour vocation de soutenir les populations vulnérables dans le monde et de les accompagner dans la construction d’un futur meilleur en apportant une réponse adaptée à des besoins précis”, explique l’ONG sur son site internet.
En octobre 2019, le duc et la duchesse de Cambridge avaient rencontré une ”équipe de réponse d’urgence” d’Acted à Chitral, au Pakistan, présente sur place depuis 2015 et des inondations causées par la rupture de lacs glaciaires.
“Des volontaires de l’équipe locale de réponse d’urgence ont fait une démonstration pour montrer comment l’éducation et le travail de prévention ont joué un rôle clé pour éviter des morts lors des inondations de 2015”
Acted a développé ses premiers projets à Kaboul, en Afghanistan. Elle est désormais présente dans 37 pays et emploie quelque 6000 personnes à travers le monde. En 2019, l’ONG a consacré 316 millions d’euros à la mise en œuvre de 419 projets, à 44% sur le continent africain, selon son rapport annuel.
Bien implantée depuis 2010 au Niger où elle emploie 158 collaborateurs, Acted y a mené en 2019 une quinzaine de projets dont ont bénéficié près de 232.000 personnes. Elle a notamment réalisé des missions d’accès à l’eau potable, d’aide alimentaire d’urgence ou encore de distribution d’abris pour les populations déplacées en raison du conflit dans les zones des “trois frontières” entre Niger, Burkina Faso et Mali, et du Lac Tchad.
Des salariés d’Acted déjà pris pour cibles
Acted a été frappée plusieurs fois sur ses terrains d’intervention humanitaire par des exécutions et prises d’otage. Tout récemment, le 23 juillet, l’ONG déplorait la mort de l’un de ses employés nigérian enlevé et tué par des jihadistes au Nigeria avec quatre autres humanitaires.
Le 13 septembre 2014, le Britannique David Haines avait été décapité, 18 mois après son enlèvement en Syrie par le groupe jihadiste État islamique. Fin novembre 2013, six Afghans travaillant pour l’ONG française avaient été abattus par balles dans une embuscade dans le nord-ouest de l’Afghanistan.
Quelques semaines plus tôt, début septembre 2013, deux employés centrafricains avaient été tués par des hommes armés dans le nord-ouest de la République centrafricaine alors qu’ils tentaient d’évacuer la zone.
Plusieurs membres de l’organisation ont également été pris en otage avant de recouvrer la liberté. En mars 2013, un coordinateur italien avait été enlevé à Atmeh, en Syrie, avant d’être relâché après plus d’un an de captivité, fin mai 2014.
Début 2013, le Français Charles Ballard, directeur financier chez Acted, avait lui été détenu durant 71 jours après son enlèvement fin janvier à Kaboul. Toujours en Afghanistan, en octobre 2011, quatre employés afghans avaient été brièvement détenus par des hommes armés dans le nord-ouest du pays.
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