Les agriculteurs et éleveurs face à la sécheresse
Les éleveurs et les agriculteurs victimes de la sécheresse
Absence de pluie, record de chaleur… Le mois de juillet 2020 est le plus sec depuis 1959. Entre restrictions d’eau et pertes de rendement, le monde agricole est en souffrance.
« Aujourd’hui, comme il n’a pas plu depuis six semaines, il n’y a plus rien qui pousse. Cette prairie qui est censée pouvoir nourrir les 12 bêtes qui sont présentes dessus, elle ne nourrit plus personne », déplore Jean-Claude Pette, éleveur de vaches en Seine-et-Marne. Comme de nombreux éleveurs et agriculteurs, il souffre des intenses vagues de chaleur. Le mois de juillet 2020 est même le plus sec depuis 1959.
Pascal Vérrièle a perdu 40 % de ses rendements en blé
Pour Jean-Claude Pette, les conséquences sont très concrètes : ses vaches ne peuvent plus paître. Il utilise donc les stocks normalement réservés pour l’hiver afin de les nourrir. « Ça fait trois années de suite qu’on subit des étés trop secs et que les producteurs, les éleveurs, n’ont plus de stock pour amortir le choc. La première année, on vit sur le stock de l’année d’avant, mais si trois ans de suite, on manque de ressources et on manque d’alimentation, au bout d’un moment, on n’a plus vraiment quoi faire », désespère l’éleveur.
Pour faire face à cette situation, le ministère de l’Agriculture a autorisé les éleveurs à utiliser les jachères pour nourrir leurs bêtes. Mais les agriculteurs, de leurs côtés, constatent toujours des pertes. C’est le cas de Pascal Vérrièle, agriculteur grandes cultures en Seine-et-Marne, qui a perdu 40 % de ses rendements en blé. « Théoriquement, j’envisageais de semer du colza dans les prochains jours, mais pour avoir un lit de semence correct et une levée correcte de la culture, il faut un minimum d’humidité dans le sol », explique-t-il.
« Il faut s’attendre à ce que la sécheresse devienne la norme à l’horizon 2050 »
Plus de 70 départements ont adopté des restrictions sur la consommation d’eau. Les épisodes de sécheresse ne sont pourtant pas nouveaux, mais, avec le changement climatique, ils sont plus extrêmes. « Une étude a été faite par différents instituts de recherche il y a une dizaine d’années. Elle a montré qu’il fallait s’attendre à ce que la sécheresse telle qu’on l’a cette année devienne la norme à l’horizon 2050 », alerte l’hydrologue Jean Marçais.
« Si ce type de sécheresse devient la norme, ça veut dire que des sécheresses d’impact supérieur vont pouvoir se produire. Ça demande de repenser nos filières agricoles », conclut le scientifique. De leur côté, même s’ils ne parlent pas forcément de changement climatique, les agriculteurs constatent des changements sur le terrain. « Je suis installé depuis 34 ans. Des sécheresses, j’en ai connu régulièrement, affirme Emmanuel Mathe, agriculteur en Seine-et-Marne. On peut dire sans trop se tromper qu’on est vers des sécheresses de plus en plus fréquentes. »
Pour l’agriculteur, les saisons ne sont plus aussi marquée qu’avant. « On les reconnaissait et ça correspondait bien aux cultures qu’on faisait. Actuellement, depuis une dizaine d’années à peu près, ça nous arrive de sauter… On ne voit plus cette différenciation des saisons et nos cultures, ça les stresse encore plus. C’est de plus en plus compliqué de cultiver. »
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