Ces vêtements en paille redonnent à l’agriculture toute sa place dans la mode
Dix couturiers de cinq nationalités (France, Pologne, Belgique, Italie, Autriche) ont été sélectionnés cette année. Parmi eux, une créatrice tire son épingle du jeu. Son nom? Emma Bruschi. La jeune femme de 24 ans, installée à Marseille, est venue présenter quelques pièces de sa collection “Almanach”, un terme donné en référence à l’imagerie populaire du calendrier des fêtes savoyard dont elle s’est inspirée.
Les vêtements, eux, sont faits dans des matières singulières, et notamment de la paille. Oui, comme celle dont on se sert pour faire des paniers, des chapeaux, mais aussi les toits de chaume. Ici, elle est comme “tricotée” en guise de poche sur un veston en raphia doublé de lin. Ailleurs, c’est une robe, une longue chemise ou encore un crop-top sans manche.
Un symbole de fertilité
Les créations sont délicates, minutieuses et lumineuses. “Symboliquement, nous explique la jeune diplômée de la Haute école d’art et de design de Genève, elles font écho aux bouquets de moisson qu’on faisait après chaque récolte, à l’époque. Dans la maison ou à l’extérieur, c’était un symbole de fertilité.”
Emma Bruschi
“Contrairement au coton, il y a peu d’étapes de la plante au vêtement, explique-t-elle au HuffPost. La paille, c’est génial. Dans la mode, on a tendance à attendre la nouvelle matière qui va sauver le monde et révolutionner le secteur. Or, il en existe qui font leurs preuves depuis des siècles.”
La paille demande toutefois beaucoup de technique. Pour cette collection, la designer, qui produit également des bijoux, s’est entourée d’artisans locaux, dont un forgeron, un souffleur de verre, une laineuse et, cela va sans dire, un vannier. À leurs côtés, elle découvre et apprend leur savoir-faire.
L’héritage agricole
Une mission chère à ses yeux. “Il fut un temps où tout le monde au sein d’une maison, dans les villages, maîtrisait ces pratiques, même les enfants, commente cette dernière. J’ai voulu réinterpréter et ramener au goût du jour ces savoirs parce qu’ils sont en train de se perdre.”
Emma Bruschi
Le respect de l’environnement est une évidence pour elle. Son but: coupler son métier d’agricultrice à celui de designer. Contrairement à de nombreuses marques qui confectionnent à l’étranger, en grande quantité et à un rythme effréné, la jeune femme veut prendre le temps. Elle entend conserver cet axe ”à taille humaine”. Pas question, non plus, de partir sur des pièces “trop simples”. Les siennes, rappelons-le, ne passent pas en machine.
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