Surf, beach volley… Ces femmes racontent le sexisme dans les sports de plage
Pour preuve, un récent sondage publié fin juin montrait que plus d’une femme sur quatre a déjà été victime de “harcèlement de plage”. Lorsqu’elles sont âgées de 18 à 34 ans, ce phénomène concerne même plus d’une femme sur trois (39%). “Le corps des femmes est toujours disponible, est toujours source de commentaires, dans l’espace public comme sur la plage. La particularité, ici, c’est que les corps se donnent davantage à voir”, explique Johanna Dagorn, sociologue à l’université de Bordeaux, spécialiste des violences de genre, interrogée par Le HuffPost.
Les sportives professionnelles non plus n’échappent pas aux regards et commentaires sur leur corps. Et certaines, à l’image de l’équipe norvégienne de beach handball, tentent de s’en émanciper en refusant de porter le bikini règlementaire, quitte à enfreindre le règlement de la Fédération internationale.
Qu’elles soient athlètes de haut niveau ou simples passionnées, les femmes évoquent un ras-le-bol des jugements et remarques sur leur apparence physique. Trop souvent sous-estimées pour leurs qualités sportives, elles ne désirent qu’une chose: pouvoir pratiquer leur sport en paix.
Le HuffPost en a rencontré plusieurs et leurs témoignages sont précieux pour comprendre la pression pesante et le manque de considération que certaines peuvent ressentir.
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«Quand je me change sur le parking après une session, je sens les regards sur moi»
– Thaïs, 24 ans, surfeuse amatrice
Et puis il y a aussi eu cette fois où j’ai eu un accident avec un gars dans l’eau parce que nos deux planches se sont percutées. Il m’a dit: “C’est de ta faute! Tu n’avais pas à être là!” Il a immédiatement mis la faute sur moi en prenant un air paternel et en m’expliquant les règles de priorité du surf, que je connais pourtant parfaitement parce que ça fait cinq ans que je surfe. Il m’a simplement dit ‘j’espère que tu pourras réparer ta planche’ et j’osais rien dire, rien réclamer. Je suis sortie de l’eau en pleurs.
Et ce type d’expérience est assez récurrente, cela m’est arrivé trois ou quatre fois au moins. Certains hommes partent du principe que parce que je suis une fille, je serai toujours en dessous d’eux et moins bonne qu’eux. Ce sera tout le temps de ma faute. Si j’étais un mec, je suis persuadée que les gars se la ramèneraient un peu moins.”
«Ils estiment que parce que l’on est des femmes, on ne sait pas jouer, et que l’on ne sait que montrer nos formes»
– Pauline, 35 ans, joueuse de beach tennis
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Dans notre sport, comme dans beaucoup d’autres, certains joueurs hommes dénigrent les joueuses femmes et pensent que nous avons un public seulement parce que nous sommes en petite tenue. C’est très dévalorisant, parce qu’ils estiment que l’on ne sait pas jouer, et que l’on ne sait que montrer nos formes. Les femmes aussi nous jugent, soit par jalousie, soit parce qu’elles sont conditionnées par la pensée masculine.
Quand j’étais plus jeune, avec moins d’expérience, je me posais plusieurs questions avant les tournois: est-ce que je suis bien épilée, est-ce que je ressemble à quelque chose dans la glace, est-ce que je suis potable… On sait que l’on va jouer en maillot et que l’on se montre aussi. Aujourd’hui, je me dis que je n’en ai rien à faire. Pas assez bien faite ou pas assez musclée… Franchement, on s’en fout.”
«On peut recevoir des messages de type ‘t’es bonne’ sur Instagram»
– Aline, 25 ans, joueuse en équipe de France de beach volley
Ce qui est dérangeant, c’est que l’on mette une photo professionnelle en situation de match, et les commentaires que l’on va avoir seront en rapport à notre corps, on est sexuées, ou alors on se prend des remarques sexistes. Certaines joueuses en jouent parce que ça rapporte plus de likes et d’abonnés. Mais moi personnellement, je tiens mes réseaux.
Mais quelque part, mon sport veut que je montre mon corps, donc c’est difficile à gérer. J’ai un rapport au corps très décomplexé et ce n’est pas quelque chose qui me touche. Donc en soit, ma tenue me convient très bien, mais si on m’avait mis un débardeur, ça m’irait aussi. Le problème aujourd’hui, c’est que les gens ignorent encore que c’est un sport olympique, que c’est très physique et ne voient que des maillots de bain sur la plage.”
«Certaines m’ont déjà dit: “Tu vas où dans cette tenue?” ou “ton maillot de bain est super court »»
– Marion, 31 ans, joueuse de beach volley
Je me suis déjà pris des remarques sur ma tenue, mais étonnamment pas de la part de la gent masculine, plutôt de la part de femmes d’un certain âge qui considèrent que l’on est trop dénudées pour être exposées, et que cela devrait être interdit de jouer dans ces conditions-là. Certaines m’ont déjà dit: ‘Tu vas où dans cette tenue?’ ou ‘ton maillot de bain est super court!’
Mais la tenue s’inscrit dans un règlement strict. On ne peut se rhabiller que lorsqu’il fait trop froid. C’est vrai que plus jeune, j’étais beaucoup plus friable au regard des autres, à la façon dont je me comportais. Aujourd’hui, je m’assume pleinement et cela me permet d’outrepasser certaines réflexions qui auraient pu me vexer ou me rendre triste.
J’adore être en maillot de bain, et c’est une relation entre moi et moi. Mais il n’empêche que je trouve aberrant de devoir absolument jouer dans cette tenue et que l’on ne nous laisse pas le choix. ”
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