Pourquoi Emmanuel Macron lance les états généraux de la justice si tard
Pour rappel, c’est dans le contexte tendu de la remise en cause de la Justice sur fond de ras-le-bol policier que la tenue de ces États généraux avait été annoncée. Et avec la volonté pour le président de la République de montrer qu’il soutenait personnellement l’institution judiciaire, après les alertes émises par les hauts magistrats Chantal Arens et François Molins, à l’origine de ce chantier.
“Avec sa présence et le fait qu’il s’empare de cet événement, il entend montrer à toute cette communauté, à tout cet écosystème, l’importance qu’il accorde à ce sujet. Parce que sa vision du régalien, c’est un arbre à deux branches où il y a et l’intérieur, et la justice”, explique l’Élysée, comme pour répliquer aux discours qui opposent la place Beauvau à la place Vendôme. Et de souligner que les forces de l’ordre ne sont pas mieux considérées que les magistrats, et ce, malgré les gains considérables obtenus par les syndicats policiers sur le quinquennat.
“Il reformera jusqu’au dernier quart d’heure”
Reste que le timing interroge, alors que les “plusieurs semaines” prévues pour ces travaux n’ont rien de comparables aux huit mois qu’avait nécessité le Beauvau de la sécurité. Dans l’entourage du chef de l’État, on explique que les ambitions ne sont pas de la même nature. “Cette idée des États généraux, c’est vraiment une idée de remise à plat pour restaurer la confiance en la justice”, observe la présidence, rappelant que cette demande “vient des plus hauts magistrats de France”. Quant au peu de temps qu’il reste à Emmanuel Macron et son gouvernement pour mettre en œuvre des mesures qui ressortiraient de ces États généraux d’ici la fin du mandat, l’Élysée assure qu’il n’est pas trop tard, malgré un agenda parlementaire surchargé limitant les marges de manœuvre.
“Le président l’a dit à de nombreuses reprises: il reformera jusqu’au dernier quart d’heure”, assure son entourage, avant d’ajouter: “Tout ce qui pourra être fait, qui ne nécessite pas de réforme législative, que nous n’aurons pas d’évidence le temps de faire, évidemment, le garde des Sceaux le fera”. Une manière d’écarter d’avance tout procès en instrumentalisation.
À ce sujet, l’Élysée insiste d’ailleurs sur “l’indépendance” de la commission “transpartisane” qui aura à faire des propositions à l’exécutif. “Le Président y tient très particulièrement. C’est un point fondamental”, assure son entourage. Avant d’ajouter: “On veut écarter les éventuels doutes sur l’idée d’une manipulation”. Alors que l’événement va permettre à Emmanuel Macron d’exposer longuement sa vision de la justice dans un contexte précampagne qui ne dit son nom, pas sûr que les oppositions l’entendent ainsi.
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