Prison avec sursis pour des pro-Zemmour qui simulaient des tirs sur Macron et des Insoumis
Les vidéos litigieuses “ont dépassé les bornes admissibles de la liberté d’expression”, avait estimé la procureure lors de l’audience devant le tribunal correctionnel de Paris. Elle avait requis quatre mois d’emprisonnement avec sursis.
Un militaire et un cuisinier
Benjamin S., un militaire âgé de 21 ans, et Alain R., un cuisinier intérimaire de 30 ans, ont été condamnés respectivement à quatre et trois mois de prison avec sursis et interdiction de port d’arme pendant cinq et trois ans. Le premier a été reconnu coupable de provocation à commettre des infractions non suivie d’effet, le second de complicité.
Leur condamnation sera inscrite dans leur casier judiciaire et ils devront verser solidairement, au titre du préjudice moral, 3000 euros au député LFI Alexis Corbières et 5000 euros à Raquel Garrido, sa compagne et ex-porte-parole du parti. Emmanuel Macron ne s’était pas constitué partie civile.
Lors du procès, les deux prévenus avaient expliqué avoir fait de “l’humour noir et gras” et souligné que les vidéos incriminées avaient été réalisées uniquement pour faire rire leurs amis et mises en ligne à leur insu. Tous deux avaient admis s’être rencontrés à un meeting du candidat d’extrême droite à l’élection présidentiel Éric Zemmour (Reconquête!).
Dans l’une des vidéos, un homme arborant une casquette “Ben voyons”, un tic de langage de l’ancien polémiste érigé en slogan par ses fans, s’exerce avec un fusil à lunette dans un stand de tirs. “Ben voyons les amis, on va éclater qui là? Du jeune gaucho, du jeune communiste, du jeune bougnoule mental”, s’esclaffe le jeune homme, avant d’ouvrir le feu. Fusil en joue, il mime ensuite la surprise – “Ah, Emmanuel Macron!” – et décoche un second tir.
“J’ai obtenu réparation en justice”
Dans une autre vidéo tournée au même endroit, un autre jeune homme, fusil en main, explique “s’entraîner à chasser du Garrido sauvage” avant de faire feu, puis de tirer une seconde fois en évoquant le député LFI Alexis Corbière.
Raquel Garrido a salué auprès de l’AFP des “peines lourdes qui prennent en compte la gravité des faits” et qui font “passer un message fort à toute cette mouvance d’extrême droite.
“J’ai pris l’habitude d’être une cible. La passion de l’extrême droite c’est m’attaquer sur mon physique, mon poids, avec force remarques sexuelles, a affirmé l’avocate sur Twitter. Aujourd’hui j’ai obtenu réparation en justice.”
J’ai pris l’habitude d’être une cible. La passion de l’extrême-droite c’est m’attaquer sur mon physique, mon poids, avec force remarques sexuelles. Ajd j’ai obtenu réparation en Justice. Deux zemourriens armés ont pris de la prison avec sursis. Ils ne me feront pas taire. ?✊? https://t.co/KeS8JLEcF6
— Raquel Garrido (@RaquelGarridoFr) March 4, 2022
Saluant une “bonne nouvelle”, pour Alexis Corbière leur condamnation est un “message […] pour l’extrême droite armée”.
Bonne nouvelle. Les 2 Zemmouriens ont été condamnés lourdement par le tribunal correctionnel. Nos agresseurs écopent de 4 et 3 mois de prison avec sursis et à l’indemnisation du préjudice moral et des frais d’avocat. Le message est clair pour l’extrême-droite armée. pic.twitter.com/zsS2TAhhCu
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) March 4, 2022
Dans un communiqué publié le 22 décembre, Éric Zemmour avait fermement “condamné” ces vidéos. “Vous ne faites partie ni de mes sympathisants, ni de mes militants, et encore moins de mes amis”, avait-il fait savoir dans un communiqué.
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