Point d’indice: le gouvernement annonce une augmentation à l’été du salaire des fonctionnaires
Cette revalorisation, annoncée d’abord par le site de France Inter, a été confirmée par la ministre de la Fonction Publique, Amélie de Montchalin, dans une interview publiée dans les colonnes du Parisien lundi 14 mars en début de soirée.
“L’inflation persiste, elle est forte et durable (…) Nous ne pouvons pas laisser le pouvoir d’achat des agents décrocher par rapport au pouvoir d’achat des salariés du secteur privé”, y explique Amélie de Montchalin. “La décision que nous prenons aujourd’hui en responsabilité c’est que le point d’indice sera dégelé avant l’été.”
Ceci dans un contexte où la Banque de France prévoit une inflation entre 3,7 et 4,4% pour cette année, parmi les conséquences économiques de la guerre en Ukraine.
Une mesure électoraliste pour l’opposition
Cette revalorisation, annoncée à moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022, et dont on ne connaît pas encore le montant, va à rebours des récentes prises de position de la ministre en question. “Toutes les conditions ne semblent pas aujourd’hui réunies pour une réévaluation immédiate du point d’indice”, écrivait-elle mi-décembre, dans un courrier transmis aux organisations syndicales de la fonction publique. Deux mois plus tard, en février, elle confirmait toutefois au micro de Sud Radio que le gouvernement était sorti du “débat binaire” autour du point d’indice.
De quoi donner du grain à moudre aux oppositions. Nombreux sont ceux, dans les rangs des rivaux du chef de l’Etat pour avril 2022, à voir, derrière ce dégel, une mesure purement électoraliste à moins d’un mois du premier tour de la présidentielle. “Jamais une campagne électorale n’a été conduite avec une telle débauche d’argent public. Vrai problème démocratique qui annonce un grand traumatisme budgétaire”, s’insurge par exemple Eric Ciotti, le finaliste de la primaire des Républicains, sur les réseaux sociaux.
Le gouvernement décide de revaloriser le point d’indice des fonctionnaires à un mois de l’élection présidentielle !!
Jamais une campagne électorale n’a été conduite avec une telle débauche d’argent public.
Vrai problème démocratique qui annonce un grand traumatisme budgétaire !
— Eric Ciotti (@ECiotti) March 14, 2022
Même chose à gauche. “C’est dingue comment les annonces s’enchaînent un mois avant les élections”, ironise ainsi Julie Garnier, une élue LFI, toujours sur Twitter. “C’est bien dommage qu’il n’y ait pas une élection présidentielle par mois, les fonctionnaires auraient pu avoir un vrai rattrapage de leurs salaires au terme du quinquennat”, cingle également Benjamin Lucas, un des portes-paroles de la campagne de Yannick Jadot quand le patron du PS Olivier Faure parle d’annonces “qui résonnent comme des aveux”.
Interrogée par Le Parisien sur le revirement du gouvernement, Amélie de Montchalin affirme que la “situation”, le “contexte” à “changé” en quelques mois “du fait de la reprise économique qui a tiré la création d’emplois à des niveaux historiques mais aussi l’inflation vers le haut.” “Et les premiers effets de la crise en Ukraine vont aller dans le même sens”, ajoute-t-elle.
Reste qu’il s’agit d’une rupture dans la politique du gouvernement, qui s’était refusé à actionner le levier des augmentations générales depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron. Le ministère a assuré à l’AFP que ce revirement avait été décidé “sur la base de déterminants économiques”. “Ca n’est pas une décision politique, mais un amortisseur pour protéger le pouvoir d’achat des fonctionnaires” et des contractuels, a-t-il encore argumenté.
En plus du dégel de la valeur du point, Amélie de Montchalin s’est engagée à agir sur l’indemnité kilométrique que perçoivent les agents utilisant leur véhicule personnel dans le cadre de leurs fonctions. “Nous allons l’augmenter, comme pour les salariés du privé, d’au moins 10 %”, a précisé la ministre et “cette mesure sera effective dans les prochains jours.”
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