Macron poursuivi par ses « macronades » dans l’entre-deux tours?
CAMPAGNE – Dès le lendemain des résultats du premier tour, dont il est sorti grand gagnant avec plus de 28% des voix, Emmanuel Macron a effectué son premier déplacement de l’entre-deux tours, à Denain (Hauts-de-France). Face à des Françaises qui l’interrogeaient sur sa gestion de la crise du Covid, le candidat-président est revenu lundi 11 avril sur sa sortie sur les “non-vaccinés”, devant la caméra de BFMTV.
Le président de la République avait déclaré le 4 janvier dans Le Parisien vouloir “emmerder” les non-vaccinés contre le Covid-19 “jusqu’au bout”. “Je l’ai dit de manière, entre guillemets, affectueuse”, affirme aujourd’hui le chef de l’État. “Il faut le remettre en contexte, on ne va pas refaire un film (…) Ce n’était pas une insulte et c’était dans un contexte.”
“Kwassa-kwassa”
Depuis le début de son mandat, le chef de l’État a régulièrement fait polémique avec des expressions, calculées ou non, dont le ton, pour certaines, peut détonner avec la fonction présidentielle. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus, ce n’est pas la première fois que le style de langage du président de la République fait couler de l’encre. Dès le 3 juin 2017, par exemple, une mauvaise blague choque l’opinion publique.
“Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent”, plaisante-t-il, en référence aux frêles embarcations de Mayotte parfois utilisées par des migrants, lors d’une visite dans un centre de sauvetage du Morbihan.
“Des gens qui ne sont rien”
Quelques semaines plus tard, dans l’ancienne Halle Freyssinet à Paris, le chef de l’État inaugure un incubateur de start-up et affirme: “Une gare, c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien”.
Ses visites à l’étranger sont aussi parfois l’occasion de parler des Français. Comme le 24 août 2017, devant la communauté française de Bucarest, en Roumanie. “La France n’est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n’y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes”, affirme-t-il.
En visite en Grèce le 8 septembre 2017, à quelques jours d’une mobilisation contre la réforme du Code du travail, il insiste: “Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes”. Deux jours plus tard, il explique qu’il visait “tous celles et ceux qui pensent qu’on ne doit pas bouger en Europe et en France”.
Toujours au sujet des mouvements sociaux qui agitent le pays, c’est lors d’un déplacement en Corrèze le 4 octobre 2017 qu’il ironise, en s’adressant à un responsable local. “Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas”, dit-il, ciblant une délégation CGT qui accompagne des salariés licenciés de l’équipementier automobile GM&S.
“Un pognon de dingue”
Opération de communication bien orchestrée cette fois, dans une vidéo publiée le 12 juin 2018 par ses services sur son compte Twitter, il regrette qu’on mette “un pognon de dingue dans les minima sociaux” et que “les gens pauvres restent pauvres”. “On doit avoir un truc qui permet aux gens de s’en sortir”, regrette-t-il devant la caméra de sa porte-parole.
Toujours sur le thème social, en visite au Danemark le 29 août 2018, il dit son admiration pour le modèle danois de “flexisécurité”, et déplore ironiquement, par opposition, “le Gaulois réfractaire au changement!”
Le 15 septembre 2018, il discute avec un jeune horticulteur au chômage dans le jardin de l’Élysée lors des Journées du patrimoine. Le président lui suggère de chercher un emploi dans “l’hôtellerie, les cafés et la restauration” ou “le bâtiment”. Un emploi, “je traverse la rue, je vous en trouve !”, assure-t-il.
“Jojo avec un gilet jaune”
En pleine crise des gilets jaunes et le jour du lancement du grand débat, le chef de l’État s’invite par surprise au conseil municipal de Gasny dans l’Eure. Il y déclare vouloir “responsabiliser” les personnes en situation de pauvreté car “il y en a qui font bien” et d’autres “qui déconnent”, le 15 janvier 2019.
Le 31 janvier 2019, Emmanuel Macron critique devant quelques journalistes les chaînes d’information en continu et leurs “commentaires permanents”: sur leurs antennes “Jojo avec un gilet jaune a le même statut qu’un ministre ou un député!”, déplore-t-il, peu après avoir promis qu’il ferait désormais “très attention” aux “petites phrases” qui ont, selon lui, nourri “un procès en humiliation”.
Le 23 mars 2019, à Nice, une septuagénaire militante d’Attac, Geneviève Legay, est grièvement blessée pendant une charge policière pour disperser une manifestation interdite de “gilets jaunes”.
Deux jours après les faits, Emmanuel Macron lui souhaite un “prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse”. “Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci”, estime-t-il dans Nice Matin.
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