Pour Benjamin Muller des « Maternelles », « un père moderne, c’est un père qui prend sa part »
Rédigé en collaboration avec une sage-femme, un médecin et deux psychologues, le livre qui se veut exhaustif se présente comme une bible destinée aux pères en devenir. Peau à peau, étapes du développement du nourrisson, sommeil et pleurs, fatigue, découvertes des recherches scientifiques en parentalité… Tout ce qui concerne la grossesse et l’accueil d’un enfant y est abordé.
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Mais surtout, le journaliste l’a pensé aussi comme un outil de lutte contre la charge mentale qui pèse sur les femmes. Pour que chaque parent prenne sa part, de manière équilibrée. On lui a posé quelques questions à l’occasion de la fête des pères, ce dimanche 19 juin.
Le HuffPost: Pour vous, y a-t-il besoin d’un manuel pour apprendre à être père?
Et souvent, c’est plus léger pour les pères, du style: “ah vous allez voir, c’est marrant d’avoir un enfant”, “ah c’est dur on dort mal la nuit”, “vous ferez un peu moins l’amour”… Et je trouve que si on veut l’égalité entre les hommes et les femmes sur la question de la parentalité, il faut commencer par parler aux pères normalement.
D’ailleurs, dans le livre, il y a de nombreux chapitres qui pourraient être copiés-collés et qui s’adressent aussi bien aux pères qu’aux mères. C’est important par exemple que les hommes soient aussi informés de ce qui se passe dans le corps des femmes lors de la grossesse et de l’accouchement: ce qu’est une épisiotomie, en quoi consiste la rééducation périnéale…
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Je voulais offrir aux pères un outil documenté et dense, qui aborde aussi des sujets plus durs, les violences sexuelles, la lutte contre l’inceste, ce qu’est le deuil périnatal…
Alors pourquoi ne pas avoir écrit à l’attention de tout futur parent, quel qu’il soit?
Sur les sujets qui concernent la répartition des tâches ménagères et la charge mentale, l’éducation non genrée ou antisexiste, il y a encore un décalage. Pour prendre l’exemple de la charge mentale, il y a énormément de jeunes pères qui, parce qu’ils ont eu l’éducation qu’ils ont eue, ne se posent pas la question. Mais il y a un déséquilibre et c’est la femme qui porte toute la charge mentale.
Donc je voulais parler aux pères, qui souvent sont plein de bonne volonté -surtout ceux qui vont acheter ce type de livre-, spécifiquement de ces sujets auxquels moi-même je me suis intéressé tardivement. En devenant père, justement.
Est-ce que ce livre s’adresse à tous les types de familles?
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Que pensez-vous de l’idée encore répandue selon laquelle les femmes, parce qu’elles portent l’enfant, ont plus de facilités à se projeter dans la parentalité?
Il y des gens qui continuent de maintenir que l’instinct maternel existe et que la mère est une louve qui défend son bébé… La seule manière de combattre ces idées fausses, pour le père, c’est de s’investir avec son enfant. Et en plus, ce qu’il faut rappeler, c’est que c’est aussi du bonheur.
Non seulement il faut le faire, pour la maman, le bébé, mais aussi pour son bonheur personnel. Et ça peut paraître titanesque, surtout quand on n’a pas été éduqué comme cela. Mais ça vaut le coup.
Même s’il reste du travail, je trouve que l’on progresse quand même à grande vitesse, sur l’échelle de la parentalité. Si l’on regarde les générations de nos parents, de nos grands-parents… Ça évolue.
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Est-ce que le sujet du congé paternité reste majeur, malgré son allongement à 28 jours?
Nous, on a un mois. C’est très bien, mais c’est du temps passé avec la mère. Donc la tentation, c’est de rester “l’assistant” de la mère. Tous les parents savent que c’est en se retrouvant seul avec son bébé, une journée, une nuit, lui donner seul le bain, c’est là qu’on se rend compte de ce que c’est de s’occuper d’un enfant.
Et la deuxième chose, c’est le monde du travail. Tant que les hommes seront mieux payés que les femmes, les choses évolueront difficilement. Car quand l’un des deux membres du couple doit s’arrêter de travailler pour un congé parental ou parce que l’enfant est malade ou autre, c’est en général la femme qui le fait, puisqu’elle gagne moins. Et c’est normal, le couple est pragmatique.
Il faut aussi changer les mentalités: que la crèche n’appelle pas toujours la mère en premier lorsqu’il faut aller chercher l’enfant, que les pédiatres ne s’adressent pas qu’aux mères lors des consultations…
C’est à nous, la nouvelle génération de parents, de se saisir de ce sujet et d’opérer cette révolution. Les pères doivent oser, en entreprise, refuser une mission tard le soir ou de partir une semaine parce qu’ils ont un enfant en bas âge. Il faut l’assumer, même si on ne peut pas le faire partout, mais quand on peut, c’est l’un des combats que l’on doit mener.
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C’est quoi, un père moderne?
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