Bateaux de croisières : quel impact environnemental ?
Les bateaux de croisières : un impact environnemental désastreux
Pollution de l’air, rejets toxiques dans l’eau, tonnes de déchets… Derrière ces géants des mers se cache un lourd bilan environnemental.
À elle seule, rien qu’en 2017, la flotte du leader mondial Carnival Corporation a émis 10 fois plus d’oxyde de soufre que l’ensemble des voitures du parc européen, selon la Fédération européenne pour le transport et l’environnement. Un exemple dramatique, mais loin d’être isolé.
En 2016, Princess Cruises a payé 40 millions de dollars pour avoir pollué les côtes britanniques
« *Ces bateaux libèrent du dioxyde de carbone, du méthane, mais aussi du carbone noir », explique Faïg Abbasov, responsable du Programme Navigation à la Fédération européenne pour le transport et l’environnement. Ces bateaux émettent par ailleurs de l’azote et de l’oxyde de soufre, ainsi que des particules en suspension.
Certaines compagnies sont également régulièrement condamnées pour déversement de déchets plastiques ou de liquides polluants en mer. En 2016, Princess Cruises a payé 40 millions de dollars pour avoir pollué les côtes britanniques avec des déchets d’hydrocarbures. Ces rejets polluent peuvent par ailleurs entraîner des maladies respiratoires.
« Les navires de croisière sont des villes flottantes alimentées par le carburant le plus polluant possible. Ils crachent des carburants toxiques qui causent des dommages incommensurables à la fois aux personnes à bord et à celles sur les côtes à proximité », s’insurge Faïg Abbasov.
« L’industrie ne semble pas être prête à réaliser complètement ce changement »
Malgré tout, plusieurs compagnies agissent sur le recyclage des déchets, la réduction du plastique ou le traitement des eaux usées à bord. Alors que les paquebots consomment de l’énergie 24 heures sur 24 pour alimenter en permanence les équipements, le branchement électrique des navires à quai lors des escales est déjà mis en place à Los Angeles ou à Hambourg.
Pour diminuer la pollution de l’air, la construction de paquebots fonctionnant au gaz naturel liquéfié a également été vantée par l’industrie. Mais elle ne convainc pas totalement les défenseurs de l’environnement, car cela reste une énergie fossile. « Il existe assez de technologies pour rendre les navires de croisière plus propres. Malheureusement, l’industrie ne semble pas être prête à réaliser complètement ce changement », déplore Faïg Abbasov.
Depuis janvier 2020, l’Organisation maritime internationale a interdit aux bateaux de croisières les carburants trop polluants en soufre. Cette annonce a poussé plus de 4.000 navires à s’équiper d’épurateurs qui permettent de rejeter le soufre dans la mer plutôt que dans l’air, afin d’être conforme à la régulation. « Nous recommandons aux gouvernements, en particulier en Europe et en Amérique du Nord, d’exiger une activité zéro émissions dans toutes les croisières de luxe. Ces normes devraient s’appliquer tant aux activités à l’intérieur des ports qu’à celles le long des côtes », conclut Faïg Abbasov.
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