Dans ma famille, le sexe, c’est tabou – BLOG
Tout un monde inconnu
Je suis né dans une famille catholique pratiquante. Pas comme on peut imaginer (le cliché d’une famille nombreuse et bourgeoise dans un château), mais simplement une famille de quatre enfants, stable et heureuse.
Mes sœurs ont huit et onze ans de plus que moi, donc elles ont toujours été loin. Autant par l’âge que par ce qu’elles traversaient dans la vie. Mon frère, qui a quatre ans de plus que moi, est un peu plus proche, mais notre relation n’est pas fusionnelle non plus, du moins pas autant qu’avec mes amis. Et j’ai été en internat dès la seconde. J’ai donc dû apprendre à me débrouiller seul, sans ma fratrie.
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J’ai subi les conséquences de mon ignorance sur le sexe
«Je me souviens en particulier du mot « puceau » qui m’avait troublé car il était inconnu pour moi. Cela m’a valu des moqueries. J’ai aussi subi des insultes, et le harcèlement qui va avec.»
En particulier au collège. J’ai pu entendre parler de sexe au détour d’une discussion entre copains et on me charriait beaucoup sur des mots ou des pratiques que je ne comprenais pas. Je me sentais à l’écart de certaines conversations. Je me souviens en particulier du mot “puceau” qui m’avait troublé car il était inconnu pour moi. Cela m’a valu des moqueries. J’ai aussi subi des insultes, et le harcèlement qui va avec.
Dernier de la famille, surprotégé par mes parents
Le sexe est un sujet tabou. Alors que je communique beaucoup avec mes parents sur ma journée, mes activités, les choses que je vais faire… Moins sur mes sentiments et mes pensées. Je suis naturellement calme donc j’ai tendance à garder mes émotions pour moi. Et je pense que c’est pour cette raison que je n’ai jamais avoué ce que je pensais de tout cela à mes parents. Ils sont très attentionnés envers moi, d’autant plus que je suis le dernier de la famille, mais cette « surattention » s’est parfois transformée en surprotection, et j’ai été tenu à l’écart de certaines vérités.
Les années suivantes, à partir de l’expérience douloureuse du collège, j’étais moins ignorant et je me suis forgé moi-même. J’ai aussi assumé autour de moi le fait de ne pas tout savoir, ce qui a contribué à me faire respecter. Maintenant, avec mes études, je suis parti de la maison.
Cela réduit encore plus la possibilité de leur parler de mes sentiments de tous les jours, et ma vie dépend de moins en moins d’eux. Je vis aujourd’hui sans complexes, mais je souhaite que cela ne se reproduise pour personne. C’est pour cette raison que je serais d’autant plus à l’écoute si un jour, j’ai à transmettre mon expérience à mes enfants.
Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.
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