La Cop26 accouche du Pacte de Glasgow, aux ambitions limitées
L’adoption définitive du texte est intervenue à l’issue de deux semaines de négociations éprouvantes, d’un coup de marteau du président britannique de la conférence mondiale sur le climat et après des changements de dernière minute introduits par la Chine et l’Inde sur la question des énergies fossiles.
Témoignant de la difficulté à aboutir à cet accord, le président de la Cop26 Alok Sharma s’est dit d’une voix émue et les larmes aux yeux “profondément désolé” pour des changements de dernière minute introduits sur la question des énergies fossiles à la demande de la Chine et de l’Inde. Il avait plus tôt estimé que l’accord “inaugure une décennie d’ambition croissante” en matière de climat, ce qui ne sera finalement pas le cas.
“C’est mou, c’est faible, et l’objectif de 1,5°C est à peine en vie, mais il y a un signal sur la fin de l’ère du charbon. Et c’est important”, a commenté Jennifer Morgan, patronne de Greenpeace International. L’égérie du mouvement mondial des jeunes pour le climat, Greta Thunberg, n’était pas plus tendre: “La Cop26 est terminé. Voici un bref résumé: bla-bla-bla”, a-t-elle cinglé sur Twitter. “Le vrai travail continue à l’extérieur de ces murs. Et nous n’abandonnerons jamais. Jamais.”
Même à l’ONU, la déception s’est fait sentir. La conférence mondiale sur le climat a débouché sur “des pas en avant bienvenus, mais ce n’est pas assez”, a estimé dans un communiqué le patron des Nations unies, qui avait quitté Glasgow et se trouvait en route pour le siège de l’organisation à New York. “La catastrophe climatique frappe toujours à la porte”, malgré l’accord arraché, a estimé Antonio Guterres.
Voici ce qu’il faut retenir du “Pacte de Glasgow”:
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Aucune garantie du respect de l’Accord de Paris
Sur le point critique de la limitation des températures, alors que la planète se trouve selon l’ONU sur une trajectoire “catastrophique” de réchauffement de 2,7°C par rapport à l’ère pré-industrielle, le texte appelle les États membres à relever leurs engagements de réductions plus régulièrement que prévu dans l’accord de Paris, et ce dès 2022. Mais avec la possibilité d’aménagements pour “circonstances nationales particulières”, point qui a suscité les critiques des ONG sur les ambitions réelles du texte.
Le compromis trouvé n’assure d’ailleurs pas le respect des objectifs de l’accord de Paris, limiter le réchauffement “bien en deçà” de 2°C et si possible à 1,5°C.
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“Intensifier” les efforts sur les énergies fossiles
Le texte contient également une mention, inédite à ce niveau, des énergies fossiles, principales responsables du réchauffement de la planète et qui ne sont même pas citées dans l’accord de Paris.
La formulation a été atténuée au fil des versions et jusqu’à l’ultime minute avant l’adoption en plénière, à l’insistance notamment de la Chine et de l’Inde. La version finale appelle à “intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles”. Une “pilule amère à avaler”, mais acceptée “pour le bien commun”, a regretté la représentante du Liechtenstein.
Après un échec aux deux dernières COP, celle-ci a d’autre part réussi à mettre la dernière main aux règles d’utilisation de l’accord de Paris, notamment sur le fonctionnement des marchés carbone censés aider à réduire les émissions.
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Aucune avancée sur l’aide aux pays pauvres
Le dossier explosif de l’aide aux pays pauvres, qui a un temps semblé pouvoir faire dérailler les négociations, n’a par contre pas trouvé de résolution.
Echaudés par la promesse toujours non tenue des plus riches de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts, demandaient un financement spécifique des “pertes et préjudices” qu’ils subissent déjà.
Mais les pays développés, au premier rang desquels les Etats-Unis, qui redoutent de possibles conséquences juridiques, s’y sont fermement opposés. Et à contrecoeur, les pays pauvres ont cédé, acceptant une poursuite du dialogue afin ne pas perdre les avancées sur la lutte contre le réchauffement, dont les effets les menacent déjà directement. Tout en se disant “extrêmement déçus”.
“C’est une insulte aux millions de personnes dont les vies sont ravagées par la crise climatique”, a commenté Teresa Anderson, de l’ONG ActionAid International.
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