« Le Confiné », ce fromage des Vosges né pendant le confinement
“Le confiné est arrivé comme ça, il n’y avait rien de prévu”, raconte Lionel Vaxelaire, 41 ans, en préparant l’étroite salle de traite d’été au pied des pâturages, à 670 mètres d’altitude. Devant la porte, 25 vaches de la race vosgienne, robe noire et blanche, tête tachetée, patientent dans le petit matin brumeux et humide.
Avec son épouse Laura, 36 ans, Lionel Vaxelaire transforme chaque année environ 90.000 litres de lait en munster fermier AOC (Appellation d’origine contrôlée), tommes des Vosges (bargkass nature ou parfumée et “Cœur de massif”), fromages frais, “petits blancs” et yaourts, vendus à la ferme, sur des marchés et auprès d’intermédiaires.
Mi-mars, quand le confinement a été décrété en raison de l’épidémie de Covid-19, “les ventes ont baissé de 80% les quinze premiers jours”, se souvient l’agriculteur.
Dans la petite cave installée à côté de l’atelier de transformation, dans l’ancien grenier à foin, les bargkass, munster et autres fromages s’entassaient. “Tous les jours nous faisions du fromage sans savoir ce que ça allait donner, sans avoir de ventes”, poursuit-il.
Isolé dans la cave
Un lot d’une soixantaine de fromages se retrouve dans un coin de la cave, délaissé… mais pas sans surveillance.
Selon le cahier des charges, un munster AOC est égoutté, lavé et salé avant d’être déposé sur des claies métalliques pour l’affinage, qui dure trois semaines minimum. Tous les deux ou trois jours, Laura Vaxelaire le frotte délicatement à l’eau claire et le retourne.
Au bout d’un mois, le couple goûte un morceau de fromage sur lequel s’est développée une croûte grise tachetée. “C’est un fromage à croûte fleurie, ce qui n’est pas habituel dans les Vosges, légèrement crayeux et un peu coulant sous la croûte. Le nouveau fromage a pris toute la flore de notre lait et l’ambiance de la cave, sans qu’on s’en occupe”, décrit l’éleveur.
“Son goût est sympathique”, validé par leurs deux enfants de 12 ans et 14 ans, renchérit son épouse.
Engouement
“C’est un fromage un peu par hasard, il n’y aurait pas eu le confinement, il n’aurait pas vu le jour”, ajoute-t-elle.
“Le confiné”, vendu 12 euros le kilo (contre 13 euros pour le Munster traditionnel), rencontre immédiatement un vif succès auprès des consommateurs, à tel point que la production est à flux tendu. Pour répondre à la demande, le temps d’affinage a été réduit à huit ou quinze jours et le couple prévoit d’en produire environ une quarantaine de kilos par semaine.
“La création du ‘Confiné’ fait apparaître un côté positif (de l’épidémie de coronavirus) dont les gens avaient besoin”, observe le couple, amusé par le succès médiatique en France et à l’étranger de leur fromage cylindrique.
L’arrivée du “Confiné” sur le plateau de fromages français est aussi une façon pour les Vaxelaire de promouvoir les Vosges et la vache vosgienne, “très bonne marcheuse et résistante”.
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