Le vaccin contre le coronavirus? 1 Français sur 3 le refuserait, voilà pourquoi [SONDAGE EXCLUSIF YOUGOV]
Mais, outre les difficultés intrinsèques à la recherche scientifique, il faudra aussi compter avec la méfiance à l’égard des vaccins qui pourraient bien éloigner une partie de la population de cette solution pourtant si attendue.
Selon un sondage exclusif réalisé par l’institut YouGov pour Le HuffPost, 32% des Français interrogés du 23 au 24 juillet affirment qu’ils n’accepteraient pas de se faire vacciner si un vaccin contre le Covid était disponible. Étonnant? Pas forcément quand on sait que la France fait figure de championne du monde en matière de méfiance à l’égard des vaccins.
La crainte d’un vaccin trop vite fait
Ces 32% ne sont donc pas une surprise, mais ils représentent un gros caillou dans la chaussure des pouvoirs publics. Le sociologue Jeremy Ward étudie ce qu’il appelle “l’hésitation vaccinale” des Français. Depuis le début du confinement, il a mené avec des confrères sociologues des études pour comprendre comment les Français appréhendaient la pandémie. Selon leurs propres données qui ont été récoltées entre avril et mai 2020, ce sont 20 à 25% de la population qui refuseraient le vaccin.
Si ce résultat est dans la lignée des études d’opinions réalisées ces dernières années, elles surprennent malgré tout le spécialiste. “Je pensais que la dangerosité de la maladie et sa capacité à se répandre pourraient faire pencher la balance”, explique-t-il, interrogé par Le HuffPost. “Le principal motif de cette réticence est l’idée que ce vaccin sera réalisé trop vite et risque par conséquent d’être peu sûr”, explique le sociologue.
Une décennie de controverses autour des vaccins
En 2009 quand la grippe H1N1 arrive à la fin du mois de mars, le virus est surveillé depuis plusieurs années par les scientifiques, ce qui permet de mettre au point un vaccin rapidement, dès la fin du mois d’octobre. “Or, dès la fin du mois d’août, des débats monstrueux autour de la sécurité du vaccin commencent. La balance bénéfice-risque se pose quant à la vaccination, car les données épidémiologiques concernant la maladie sont plutôt rassurantes. Résultat seuls 8% des Français se feront vacciner, et l’inquiétude quant à la sécurité du vaccin sera le motif numéro 1 de non-vaccination.”
À partir de ce moment-là, les controverses vaccinales s’enchaînent. “Lorsque l’épidémie de la Covid débute, nous venons de vivre plus d’une décennie de débats et controverses autour des vaccins : l’autisme, les adjuvants, etc. Tout le monde en a entendu parler”. Ainsi, contrairement à 2009, les débats autour d’un possible vaccin contre le Covid commencent avant même que ce vaccin ne soit mis au point.
Cette méfiance aujourd’hui s’explique aussi par la politisation très forte des débats. “Les données de nos études révèlent en particulier l’importance du facteur politique dans ces réticences, explique encore Jeremy Ward, celles-ci sont bien plus fortes chez les personnes se sentant proches des partis d’extrême gauche et d’extrême droite, ainsi que celles se déclarant sans orientation politique et s’étant abstenues lors de la précédente élection présidentielle.”
Se méfier des vaccins est une chose, se faire vacciner une autre
Si ces éléments permettent de mieux cerner les réticences de certains et certaines à se faire vacciner, le sociologue modère la présence de comportements, jugés ”égoïstes” par les défenseurs des vaccins. “Lors des entretiens que j’ai menés avec des personnes anti-vaccins, aucune ne surfait volontairement sur l’immunité des autres. C’est plutôt l’inquiétude quant à sa propre santé qui était au centre des préoccupations. Cela ne veut pas dire qu’ils n’existent pas, mais ils sont certainement plus marginaux.”
La conclusion du chercheur se veut malgré tout optimiste. “Il y a en France, preuve de notre couverture vaccinale qui n’est pas si mauvaise, des gens qui doutent, mais qui se font vacciner quand même”.
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