Pour les troubles mentaux, ce deuxième confinement est une bombe à retardement
Le problème, c’est que cet ascenseur émotionnel demande une forte endurance psychologique et s’apparente désormais à une véritable bombe à retardement en ce qui concerne les troubles psychiques.
Mardi 17 novembre, Jérôme Salomon a alerté sur la santé mentale des Français qui se dégrade. “Cette épidémie est stressante, anxiogène et peut générer une souffrance psychologique pour nombre d’entre nous. “La crise sanitaire du Covid-19 a révélé la fragilité psychique de nombreux Français. On observe ainsi une augmentation importante des états dépressifs. Le nombre de personnes concernées a en effet doublé entre fin septembre et début novembre”, a indiqué le directeur général de la Santé.
Le ministre de la Santé Olivier Véran l’a rappelé jeudi 19 novembre lors d’une conférence de presse et a souligné que l’augmentation des syndromes dépressifs constatée concerne “tous les profils sociaux-démographiques”.
Moindre résilience
“Certains patients qui avaient été très résilients lors du premier confinement le sont désormais beaucoup moins. Les ressources trouvées lors de la première vague deviennent plus difficilement accessibles aujourd’hui”, explique-t-il. En septembre, il observait déjà auprès de ses patients des réactions phobiques, et craignait la venue d’angoisses et de dépressions.
Comme lui, Gladys Mondière, psychologue et co-présidente de la Fédération française des psychologues et de psychologie (FFPP) constatait déjà à la rentrée une hausse des consultations. Mais, même si elle redoutait la suite, elle ne s’attendait pas à ce qu’elle constate aujourd’hui. “Ce nouveau confinement a un effet ricochet qui n’est même pas atténué, il est presque une bombe à retardement”, regrette-t-elle, contactée par Le HuffPost.
Ce reconfinement porte en effet tout en lui, par rapport au premier, pour former une vague de troubles psychologiques. “C’est beaucoup plus agressif. Un grand défaitisme se joue. On se dit ‘nous y revoilà’, ce qui fait douter du futur et engendre un sentiment d’angoisse très fort, mais aussi de captivité”, explique Samuel Dock.
Le temps s’étire. L’épidémie se prolonge. Nos ressources intimes s’épuisent. “On ne voit plus rien, on n’a plus envie de rien, on a l’impression que ça ne finira jamais. Ce second confinement n’a rien du premier et de son effet de surprise inégalée. On sait que ça a déjà duré. Donc on sait que ça peut durer. L’étirement du temps, avec des interventions gouvernementales qui projettent désormais l’épidémie jusqu’en 2021, entraîne une impossibilité à se projeter dans quoi que ce soit”, affirme Gladys Mondière.
″Épuisement du domicile”
S’ajoute à cet épuisement et à cette lassitude l’incompréhension qui semble découler de ce confinement pourtant plus souple que le premier. “On peut sortir pour travailler, et on rentre chez soi, le ‘métro-boulot-dodo’ est devenu une réalité clinique et est très mortifère sur le plan psychique. À quoi rime cette vie si elle n’est faite que pour travailler? Que sommes-nous en train de vivre?”, s’interroge Samuel Dock.
Sachant que même au travail, les relations sociales ne sont plus les mêmes. “On a enlevé tout le social et il ne reste que les contraintes de travail, ce qui renforce encore plus l’isolement social”, abonde Gladys Mondière.
Sauver Noël
D’après une récente étude de la Fondation Jean Jaurès, les conséquences pourraient être plus terribles encore, avec une hausse des suicides et pensées suicidaires à envisager dans les années à venir.
Même si un pic épidémique semble être passé, d’après Olivier Véran qui reste toutefois prudent, le combat contre les conséquences du coronavirus est loin d’être terminé. Gladys Mondière se montre inquiète: “ce léger mieux ne permettra pas de déconfiner tout de suite, et il n’y aura pas d’effets positifs post-confinement, comme cet été”. De son côté, Samuel Dock craint l’approche des fêtes de fin d’année. “Si Noël se passe confiné, ce sera probablement un carnage psychologique. Pour beaucoup, c’est l’ultime occasion de faire du lien social. Et pour eux, d’une certaine manière, si le coronavirus prend Noël, il aura tout pris.”
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