3 lieux secrets du château de Versailles
À la découverte des secrets du château de Versailles
Brut a eu le droit à une visite privée avec le conservateur au département des sculptures du château, Lionel Arsac.
Une garde-robe, une baignoire, des dizaines de statues d’animaux… Au château de Versailles, plusieurs détails exceptionnels restent dans l’ombre. Brut a pu en observer quelques-uns, et vous les montre en exclusivité.
De vrais lieux de vie
C’est vers une minuscule pièce que nous entraîne d’abord Lionel Arsac, conservateur au département des sculptures du château de Versailles. « Elle malheureusement fermée au public en raison de ses toutes petites dimensions. C’est le cabinet de garde-robe de Louis XVI, qui a été aménagé à côté de l’alcôve de la chambre du roi. C’est une pièce dissimulée derrière la tenture de l’alcôve. »
Ce cabinet est l’une des pièces préférées de Lionel Arsac. « C’est la dernière pièce à avoir été aménagée pour un souverain à Versailles, juste avant la Révolution française. Le décor reflète la vocation de cette pièce qui, contrairement à son titre, cabinet de garde-robe, n’était pas une pièce où le roi se changeait, mais un cabinet de retraite, où le roi Louis XVI pouvait venir travailler. »
À l’inverse aux grands appartements d’apparat, cette pièce était un vrai lieu de vie. Louis XIV, Louis XV et Louis XVI s’y retiraient régulièrement. « Ces pièces étant privées, intimes, les décors ont sans cesse été remis au goût du jour », détaille le conservateur.
Une baignoire en marbre large de trois mètres
Celui-ci nous emmène ensuite à la rotonde de l’Orangerie, où a été placé un objet extraordinaire : la cuve monolithe. Cette cuve est faite d’un seul bloc en marbre de Rance, qui pèse plusieurs tonnes. Une prouesse technique. « C’est l’un des très rares vestiges d’un appartement assez mythique du château aménagé par Louis XIV pour son usage personnel : l’appartement des bains du roi », indique Lionel Arsac.
Cet appartement si situait au rez-de-chaussée du corps central. « Le luxe était absolument inouï. Les parois, notamment, étaient revêtues de parements de marbre de couleurs, un peu comme dans les grands appartements. Et dans la dernière pièce de cette enfilade, Louis XIV avait fait placer cette cuve gigantesque. »
Gigantesque, c’est bien le mot : la cuve est quasiment large de trois mètres. « C’était un peu le point d’orgue de cet appartement dédié au délassement, au repos et aux jeux d’eau. C’est l’époque où il est très amoureux de Madame de Montespan. »
Pourtant, tout aussi luxueuse qu’elle était, Louis XIV, s’y baignait rarement. « On pouvait faire des bains de rivière, mais le roi en a fait dans sa jeunesse, et c’est tout. Peut-être s’est-il baigné dans cette baignoire, mais c’était plus pour le plaisir que pour l’hygiène », note le conservateur. Cette cuve était avant tout un objet d’exposition. « Le roi l’avait payée un prix assez exorbitant pour l’époque, environ 22.000 livres. »
Des sculptures animalières en plomb
Lionel Arsac bous dirige enfin vers l’une des réserves des sculptures du château de Versailles. Parmi ces œuvres, un ensemble merveilleux de sculptures animalières en plomb qui proviennent du Bosquet du labyrinthe. Ce labyrinthe avait été commandé par Louis XIV. Certains estiment qu’il servait à l’éducation de son fils. Lionel Arsac rappelle toutefois querien ne le prouve, si ce n’est que des fables contemporaines de Jean de La Fontaine dédiées au fils de Louis XIV.
« Ce qui est avéré en revanche, c’est cette connotation morale, et le thème de l’amour qui prédominait dans ce labyrinthe. L’idée était de guider les amants à travers le bon chemin de l’amour. C’est pour ça qu’à l’entrée du labyrinthe, vous aviez le fabuliste Esope, mais également la statue de l’amour », précise le conservateur. Puis les 300 animaux en plomb ont peu à peu disparu. Aujourd’hui, il n’en reste que 35. « Il faut imaginer que ces fontaines en plomb étaient peintes au naturel, polychromées. Il y avait vraiment la volonté de faire quelque chose de réaliste. Ça fait partie des inédits du château. »
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