4 moments qui ont changé la vie de Matthieu Chedid
Quatre moments qui ont changé la vie de Matthieu Chedid
Sa fille, sa guitare, sa famille et Paul McCartney : quatre fondamentaux de sa vie, quatre piliers pour Matthieu Chedid.
La naissance de sa fille
J’ai vraiment compris ce jour-là qu’on avait beaucoup à apprendre d’un bébé. On est là pour élever nos enfants, mais il ne faut jamais oublier que ce sont eux qui nous élèvent sûrement encore plus. Moi, j’apprends énormément de mes enfants. Je crois que je n’ai jamais été aussi impressionné. Ce regard m’a beaucoup plus impressionné que Paul McCartney !
Je voyais une intelligence cosmique. Elle avait un regard très puissant dès la naissance. Et ce truc, ce cliché d’être en larmes, parce que c’est un truc qui est trop fort. C’est marrant parce que ce regard ne m’a jamais quitté. Elle a cette espèce de puissance que je retrouve toujours. Ça a été vraiment une forte empreinte pour moi, et effectivement un avant et un après ultime.
J’ai été père instinctivement par l’amour que ça déploie. C’est une chose inconditionnelle, un amour nouveau que tu découvres au moment de la naissance de ton enfant. C’est quelque chose d’inédit pour moi, même si j’ai connu plein d’amours très fortes, filiales et autres, mais celui-là était vraiment au-delà de ça.
Ses premiers accords de guitare
On était dans la grange de la maison de famille des Souchon. J’avais une guitare d’Alain Souchon, je crois que c’était une SG. Mais il ne restait qu’une corde dessus, donc je faisais des rifles de guitare assez basiques, genre Satisfaction… C’était assez inaudible, je pense. Et donc là, à un moment il y a David McNeil, excédé parce qu’on faisait un bruit, un bordel absolu, qui vient me voir et qui me dit : « Matthieu, arrête… La guitare c’est pas une corde, c’est des accords. »
Il me prend une guitare acoustique et il me montre les accords primaires, souvent c’est le mi mineur, le la mineur, le ré, peut-être le do. J’apprends donc trois, quatre accords, et c’est vraiment effectivement un moment qui change ma vie. Il y a une espèce de prise de conscience et d’ouverture.
Je n’avais donc pas de médiator, et avec les doigts, je n’y arrivais pas très bien. Donc je prenais des allumettes, qui évidemment se cassaient tout de suite. J’ai dû user une boite d’allumettes entière jusqu’à avoir les doigts en sang. La guitare était rouge à la fin, parce que je n’arrivais plus à m’arrêter. J’ai eu un vrai bug, un vrai flash, en tout cas une prise de conscience folle.
Son concert au Liban, le pays de sa grand-mère
C’était vraiment extraordinaire parce que c’était une façon de célébrer la famille Chedid : ma grand-mère, Andrée Chedid, mais aussi son frère, que j’appelais l’oncle Bob, parce que c’est lui qui fait partie des fondateurs de ce festival dans les années 1950.
On est partis en famille avec ma sœur Anna, mon frère Joseph, mon père Louis, ma fille Billie, ma femme. C’était l’occasion d’annoncer à ce moment-là la naissance de mon fils, donc c’était complètement, presque mythologique comme moment. Là, on était vraiment dans une épopée. Il y avait vraiment une quête initiatique.
On a passé des photos de la famille, de ma grand-mère, on a fait résonner les poésies de ma grand-mère dans ce lieu, c’était exceptionnel. C’était très émouvant. Je n’ai pas pu résister aux larmes qui coulaient sur mes joues quand ma fille a chanté avec moi. Tout d’un coup, on avait cette vibration familiale. Tous nos ancêtres étaient présents, quelque part.
Sa rencontre avec Paul McCartney
C’était pour Rock & Folk. Ils voulaient faire une avec Paul McCartney. Je ne sais pas pour quelle raison, ils voulaient qu’il soit accompagné par un artiste français. Et je ne sais pas non plus pour quelle raison, ils ont pensé à moi. Je me rappellerai toujours : j’arrive, il est très, très, il est là, il a envie d’aller pisser, donc il me dit : « J’arrive tout de suite. » Il était très détendu.
On s’amuse pas mal avec Paul McCartney, il est très drôle. Je ne parle pas très bien anglais, mais en même temps, là, j’étais presque plus bilingue que jamais. Au bout de cinq, dix minutes, le photographe nous dit : « Vous voulez pas prendre les guitares pour la photo ? Ce sera mieux. » Et là, on est partis tous les deux dans un jam pendant une heure. On a tripé, c’était un moment super.
Il disait tout le temps : « Tu sais que j’étais quand même le chanteur des Beatles. C’est un truc de dingue. » C’était fascinant parce qu’il était très impressionné par les Beatles, comme on l’est tous. Parce que c’est tellement une autre époque pour lui, tellement un autre moment que ça ne lui appartient plus non plus. C’est tellement énorme. Et donc une certaine humilité assez incroyable.
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