À ma chère École, qui a subi tant d’épreuves cette année – BLOG
L’Histoire est à la fois un continuum mais aussi faite de ruptures. L’école qui est au cœur de la République est à la fois un des piliers de notre société qui doit participer à “la fabrique du futur citoyen”, mais aussi le réceptacle de toutes les contradictions de notre pays, des débats de société, de la vie, du vivre-ensemble en quelque sorte.
L’école est au carrefour des problématiques liées à l’accueil de tous et de chacun dans sa diversité et se doit de résoudre celles relatives à toutes les fractures: sociale, numérique, éducative, territoriale, identitaire. Et sans perdre le sens de ce qu’elle est, à savoir un lieu d’émancipation, de transmission des savoirs et désir d’apprendre, je voudrais vous dire ce que je sais, ce que je crois, ce que j’ai vécu.
Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!
La première de ces premiers de cordée
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Certains illustres -ou du moins se sont-ils autorisés en toute humilité à se définir ainsi, pédagogues se sont présentés comme contempteurs des “pédagogos” ayant participé à la fabrique des crétins. Certains t’ont présenté ainsi!
Mais chère école, tu as été durant toute cette année la première de ces premiers de cordée dont tout le monde nous a rebattu les oreilles, en se fondant sur une archipellisation de la société. Tu es une personne morale et non physique, tu es un projet collectif…
Alors cette année scolaire a été peut-être aussi chaotique que la fin de la précédente.
Qu’avons-nous appris des mois de la fin de l’année scolaire de l’année 2020?
Peu ou pas grand-chose! Mais chère école, tu as été au rendez-vous des territoires, des familles et des jeunes. Loin de toutes les polémiques, tu as été une institution à la fois obéissante et rebelle à la fois. Tu as répondu aux injonctions ministérielles dans un univers jacobin plus à bout de souffle que jamais. Les masques, les tests, les classes fermées, les cas contacts, tests et re-tests, vacances anticipées ou décalées… des foires aux questions ministérielles hebdomadaires, contradictoires, effaçant les précédentes et revenant parfois sur des restrictions ou assouplissements.
Chère école, très chère école, tu as fait preuve d’une souplesse inégalée conférant parfois au contorsionnisme. Tu as écouté, grondé, t’es insurgée, serré les dents, levé le poing… Mais tu as toujours été là. Fidèle à cette mission de service public de l’éducation avec toutes celles et ceux qui œuvrent au quotidien pour le bien commun: enseignants, mais aussi éducateurs de vie scolaire, personnel administratif, technique, de restauration, psychologues, infirmier(e)s, d’entretien…
Chacun(e) des agents a été innovant, conscient de ses responsabilités, professionnel jusqu’au bout des ongles pour la très grande majorité. Les exceptions ont été rares et ne doivent pas entacher tout ce que tu as apporté de beau à chaque élève, chaque étudiant, chaque jeune. Tu t’es réinventée, tu t’es autorisée à “faire apprendre dehors”… Certains pédagogues en rêvaient, ici ou là tu l’as fait! Je sais que tu n’es pas très “médaille”! Mais si dans l’enseignement agricole le mérite t’était ainsi reconnu, tu en verdirais de plaisir!
Les examens ont eu lieu, cahin-caha… tes enseignants ont répondu présents, tes établissements ont été là encore au rendez-vous de ce rite de passage des épreuves écrites et orales! Chère école, première de corvée devenue au fil des mois de cette année scolaire, première de cordée.
L’institution des mille visages, mille talents, mille compétences, mille projets
Très chère école, mon école, tu es le ciment de notre République, le trait d’union entre vivre et ensemble pour l’écrire ainsi, comme cette expression le mérite: vivre-ensemble et non pas vivre ensemble comme côte à côte. Cette école, mon école, ce pronom possessif n’est pas celui de la possession ou de l’appartenance, mais de l’affection que je te porte. Tu nous invites davantage à danser avec les loups plus que de crier avec eux. Tu nous invites à conjuguer le verbe être plutôt qu’avoir.
Chère école, notre école, Victor Hugo et Jean Jaurès ont si bien parlé de toi! Le premier n’a-t-il pas écrit justement que “les maîtres d’école sont des jardiniers en intelligences humaines” et le second “on n’enseigne pas ce que l’on sait ou ce que l’on croit savoir: on n’enseigne et on ne peut enseigner que ce que l’on est”?
En cette fin d’année scolaire, je voulais t’écrire ces mots, parce qu’ils ont un sens. Plus que jamais d’ailleurs, ils ont été utiles pour exprimer des sentiments, des incertitudes plus que des vérités. École, chère école, si tu n’es pas le veau d’or de notre République, tu n’es pas le paillasson sur lequel on peut impunément s’essuyer les pieds, te demander tout et son contraire, tout et encore davantage.
Par contre, cette période nous a finalement appris ce que l’école peut encore pour la démocratie, comme l’écrit Philippe Meirieu. C’est un joyau et comme tout joyau, cela nécessite d’en plus que jamais prendre soin.
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