Affaire de la petite Maddie: un nouveau suspect, mais une piste à ne pas « surestimer »
DISPARITION – Un rebondissement de plus dans l’affaire de la disparition de la petite Maddie ou un dénouement? Saluant la mise en examen d’un suspect allemand, les parents de la fillette disparue il y a presque 15 ans ont assuré qu’ils n’avaient “pas perdu espoir” de retrouver leur enfant. Pour l’avocat du suspect, il ne faut toutefois pas “surestimer cette mesure prise par les autorités portugaises”.
Le ministère public portugais a annoncé dans la soirée de ce jeudi 21 avril la mise en examen à sa demande d’un suspect en Allemagne, “Christian B.” sans préciser son identité ou la nature des soupçons qui pèsent sur lui, dans le cadre d’une enquête portant sur la disparition de Maddie et menée “en coopération avec les autorités anglaises et allemandes”.
Les réactions recueillies vendredi par l’AFP auprès du parquet de Brunswick et de l’avocat de “Christian B.”, pédophile multirécidiviste identifié par les enquêteurs allemands en 2020 comme principal suspect du meurtre de la fillette britannique, ne laissaient pourtant aucun doute sur le fait qu’il est également devenu le suspect N.1 du parquet portugais.
“Une astuce de procédure”
“Il est évident qu’au Portugal aussi on a des soupçons à son égard”, mais “je serais surpris qu’ils soient du jour au lendemain plus avancés dans leur enquête que nous ici”, a déclaré Hans Christian Wolters, le porte-parole du parquet de Brunswick, chargé du volet allemand de cette retentissante affaire, dans un entretien avec l’AFP.
De son côté, le représentant de “Christian B.”, Friedrich Sebastian Fülscher, avocat à Kiel dans le nord de l’Allemagne a estimé qu’“il ne faut pas surestimer cette mesure prise par les autorités portugaises”. “Au Portugal, même un meurtre est prescrit au bout de 15 ans, a-t-il avancé. Dans le cas de Maddie, si elle est décédée en mai 2007, ce sera le cas dans quelques semaines. Je suppose que la prescription a été interrompue par cette mesure.”
Ainsi pour Gonçalo Amaral, un ancien inspecteur portugais chargé de l’affaire, “ce qui s’est passé est lié à la prescription”. “Au fond, il s’agit d’une astuce de procédure de la part du ministère public” pour garder le dossier ouvert, a ajouté cet ancien inspecteur portugais qui a été limogé de la police après avoir accusé les parents de la fillette de l’avoir tuée par accident, puis d’avoir dissimulé son cadavre.
“Même si la possibilité est peut-être mince, nous n’avons pas abandonné l’espoir que Madeleine soit toujours en vie et que nous la retrouverons”, ont écrit Kate et Gerry McCann dans une déclaration publiée sur le site internet dédié à leur enfant. Ils soulignent également que le suspect “n’a pas encore été inculpé d’un crime spécifique lié à la disparition de Madeleine”.
Quinze ans de “fausses pistes”
Après l’annonce de la mise en examen de “Christian B.”, le quotidien britannique The Guardian a souligné que l’enquête sur la disparition de Madeleine McCann a été rythmée par “des fausses pistes” et “des suspects multiples”.
Madeleine McCann, aussitôt désignée par la presse britannique sous le surnom de “Maddie”, avait disparu le 3 mai 2007, peu avant son quatrième anniversaire, à Praia da Luz, une station balnéaire de la région de l’Algarve, où elle se trouvait en vacances avec sa famille.
Sa disparition avait donné lieu à une exceptionnelle campagne internationale menée par ses parents pour essayer de la retrouver. Les photos de la petite Maddie, avec ses cheveux châtain clair et ses grands yeux clairs, avaient alors fait le tour du monde.
Après 14 mois d’investigations controversées marquées notamment par la mise en examen, puis la mise hors de cause, des parents, la justice portugaise avait classé l’affaire en 2008, avant de rouvrir le dossier cinq ans plus tard en raison de l’apparition de “nouveaux éléments”.
Cependant, l’affaire n’a pas connu de réelle avancée jusqu’en juin 2020, quand le parquet de Brunswick a dit avoir la certitude que la fillette était morte, ajoutant que ses soupçons se portaient sur un homme, alors en détention à Kiel pour une autre affaire.
“Christian B.”, qui purge actuellement une peine de prison pour le viol d’une Américaine de 72 ans en 2005 dans le sud du Portugal, vivait à l’époque de la disparition de Maddie à quelques kilomètres de l’hôtel de Praia da Luz où elle a disparu, ont établi les enquêteurs allemands.
Le parquet de Brunswick a également entamé des poursuites contre lui dans une autre affaire de viol, celui d’une Irlandaise, et pour des agressions d’enfants au Portugal.
“Mes collègues travaillent plutôt sur ces autres cas afin de pouvoir clore ce chantier dans un avenir proche. Quand ce sera terminé, nous nous occuperons exclusivement de Maddie”, a précisé à l’AFP Hans Christian Wolters, le porte-parole du parquet de Brunswick.
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