Affaire Érignac: Castex lève le statut DPS de deux autres condamnés
Cette décision, qui s’applique “sans délai”, ouvre la voie à un rapprochement en Corse des deux détenus, une vieille revendication devenue un point de crispation politique majeur dans l’île. Elle était réclamée par l’ensemble des candidats à la présidentielle.
Le Premier ministre avait déjà tenté de faire retomber la tension mardi soir en levant, “pour des raisons humaines” assurait-il, le statut DPS d’Yvan Colonna, qui avait été condamné à la perpétuité lui aussi pour l’assassinat du préfet de Corse Claude Érignac en 1998.
Mais alors que le militant indépendantiste se trouve dans le coma après son agression le 2 mars dans sa prison d’Arles par un codétenu emprisonné pour terrorisme, le geste a été jugé par beaucoup comme une provocation. Il n’avait pas empêché la multiplication des manifestations et une nuit d’émeutes mercredi soir.
Dans ce contexte, Jean Castex a dit “condamner fermement” les violences, qui ont vu notamment le palais de justice d’Ajaccio pris pour cible mercredi soir, “de même que les propos totalement déplacés accusant l’État d’avoir prêté intentionnellement la main à l’agression très grave dont Yvan Colonna a été victime”.
Castex veut “reprendre le dialogue” sur le statut corse
“Les conditions dans lesquelles cet acte inacceptable a pu intervenir dans un établissement pénitentiaire doivent être élucidées de manière rapide et transparente”, a encore plaidé le Premier ministre, en rappelant avoir diligenté une enquête de l’Inspection générale de la justice.
Jean Castex “a proposé qu’une fois le calme revenu sur l’île, le dialogue engagé ces derniers mois sur l’évolution du statut de la collectivité de Corse, ainsi que sur les grands dossiers économiques et sociaux du territoire puissent reprendre”. Il a donc chargé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de lui “faire des propositions” en ce sens.
.@EmmanuelMacron et @JeanCASTEX m’ont chargé d’être l’interlocuteur des élus et forces vives de Corse.
J’ai donc entrepris aussitôt les 1ères consultations dans le dialogue. J’appelle évidemment au calme qui permettra, au plus vite, une discussion sereine sur l’avenir de la Corse— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) March 11, 2022
Jeudi soir, le président autonomiste du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni avait appelé l’État à “ouvrir un nouveau cycle politique et à dire clairement qu’il y a une question corse”. Et parmi les “signaux forts” attendus figurait aussi “la levée immédiate du statut de DPS” de MM. Alessandri et Ferrandi “et leur transfèrement” dans la prison corse de Borgo.
Si le Premier ministre donnait satisfaction sur ces points, “le soufflet de la colère populaire ne pourrait que retomber un petit peu voire beaucoup”, avait assuré jeudi à l’AFP le politologue Thierry Dominici, spécialiste des mouvements nationalistes.
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