AstraZeneca, les hauts et les bas d’un vaccin « mal aimé »
COVID-19 – Au départ, ce vaccin avait tout pour plaire. Commercialisé à prix coûtant autour de 3,5 euros, facile à stocker entre 2 et 8 degrés, issu d’une technologie plus traditionnelle que ses deux principaux concurrents, distribué à grande échelle grâce aux trois milliards de doses disponibles en 2021 annoncées par son fabricant, le sérum développé par la prestigieuse Université d’Oxford n’annoncait que de bonnes nouvelles.
Mais à l’arrivée, la commercialisation du vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19 ressemble à une série télé aux rebondissements permanents, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.
Macron reprend une info sur AstraZeneca
Troisième vaccin autorisé par l’Union européenne (EU) fin janvier 2021, après Pfizer-BioNTech et Moderna, AstraZeneca a été le premier à voir ses résultats validés début décembre par une revue scientifique, The Lancet. Mais son taux d’efficacité global à 70%, le vaccin d’AstraZeneca le doit notamment à une erreur de dosage: à la surprise générale, les résultats les plus probants (90%) ont été constatés sur une groupe de patients ayant d’abord reçu… par erreur une demi-dose, au lieu de la dose prévue. En raison de problèmes de méthodologie, l’université d’Oxford a dû annoncer fin novembre qu’elle reprendrait les essais avec une demi-dose à une plus large échelle.
Victime d’une mauvaise interprétation de ses données préliminaires, AstraZeneca a ensuite été accusé, à tort, d’être quasiment inefficace sur les patients âgés de plus 65 ans. Une infox reprise fin janvier jusque dans la bouche d’Emmanuel Macron face à des journalistes, obligeant le chef de l’État à corriger le tir fin février. Et alors que le Royaume-Unis continue de vacciner à tour de bras avec AstraZeneca, 11 millions de Britanniques ont déjà reçu une injection, certains soignants français pouvant en bénéficier se sont montrés plus réticents à se faire piquer.
Si une étude a révélé une efficacité “limitée” du vaccin contre les formes modérées du variant sud-africain du coronavirus, la Haute autorité de santé estime qu’“en France, la menace actuelle, c’est le variant anglais”, contre lequel AstraZeneca s’avère très efficace. Deux récentes études en population réelle, en Écosse et au Royaume-Uni, ont aussi montré l’excellente performance d’AstraZeneca, y compris chez les personnes âgées, pour prévenir les hospitalisations et les décès.
En France, d’abord réservé aux moins de 65 ans, le vaccin développé par le laboratoire anglo-suédois vient d’être finalement recommandé aux plus de 55 ans par mesure de précaution après un énième rebondissement. En début de semaine, plusieurs pays européens dont la France ont en effet suspendu quelques jours leur campagne de vaccination avec AstraZeneca face à quelques “cas inattendus d’événements thromboemboliques et de troubles de la coagulation” chez environ 0,0006% des personnes vaccinées. Le 18 mars, l’Agence européenne du médicament a donné son feu vert à la reprise de la vaccination, jugeant le vaccin AstraZeneca “sûr et efficace”.
Jean Castex reçoit une dose d’AstraZeneca
Prêt à tout pour redonner confiance dans le vaccin AstraZeneca, le Premier ministre Jean Castex a payé de sa personne en se faisant vacciner devant les caméras contre le coronavirus ce vendredi 19 mars avec le vaccin du laboratoire suédois-britannique.
Finalement, c’est du côté de sa logistique qu’AstraZeneca mérite pleinement sa mauvaise réputation. Après avoir promis fin janvier de livrer 30% de vaccins de plus que prévu pays de l’Union européenne, le labo a annoncé le 13 mars de nouveaux retards de livraison. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a affirmé ce mercredi qu’AstraZeneca livrerait seulement 70 millions de doses de vaccin à l’UE d’ici fin juin… au lieu des 180 millions prévues au contrat. “Un contrat non respecté, vous l’attaquez devant le juge”, a menacé Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie, assurant que le patron du labo était “sur la sellette”.
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