Au procès du 13-Novembre, les accusés interrogés sur les attentats et leur préparation
Mais une question se pose alors que le procès doit reprendre ce 4 janvier: quand ces interrogatoires pourront-ils vraiment avoir lieu? L’audience risque en effet d’être suspendue quelques jours en raison de la contamination au Covid-19 du principal accusé, Salah Abdeslam.
Depuis l’ouverture du procès le 8 septembre, les 14 jugés présents ne se sont exprimés que brièvement en septembre dernier pour se présenter, puis à l’occasion des interrogatoires sur leur personnalité début novembre, hors aspect religieux. En janvier, ce dernier point sera bien présent dans les débats. D’abord avec les cinq accusés qui se sont rendus en Syrie comme Mohamed Abrini, un des logisticiens des attentats, et Osama Krayem, un Suédois combattant de Daesh. Puis avec les neuf autres restés en Belgique à l’image de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie du commando du 13-Novembre.
Les rôles et les responsabilités de chacun dans la préparation des attentats puis dans les attaques seront plus précisément évalués à partir du 9 février. Les accusés devront décrire leurs agissements sur la période de fin août à début novembre 2015. Plusieurs jours seront ensuite consacrés à la dernière semaine avant leur passage à l’acte et aux ultimes préparatifs des attentats. Les débats se termineront par leur traque par les policiers, jusqu’à fin mars.
L’interrogatoire de Salah Abdeslam attendu
Dans ce nouveau volet du procès qui s’ouvre, le témoignage de Salah Abdeslam est particulièrement attendu. Son comportement sera aussi scruté. Après avoir refusé de se présenter pendant plusieurs semaines au tribunal pour protester contre l’anonymisation et les témoignages à distance des enquêteurs belges, quel ton va-t-il adopter? Vindicatif et provocateur comme en septembre? Il s’était alors plaint d’être “traité comme un chien” par la justice française (voir la vidéo ci-dessous), avait choqué en déclarant que les attaques n’avaient “rien de personnel”, puis avait à plusieurs reprises coupé la parole, obligeant le président de la cour d’assises spéciale Jean-Louis Périès à éteindre son micro. Ou sera-t-il plus calme, comme en novembre où il s’est contenté de répondre succinctement aux questions sur son parcours (ce qui ne l’avait pas empêché dénoncer une nouvelle fois de son incarcération)?
Dans une atmosphère sans doute tendue et dans cette période difficile pour les parties civiles, Jean-Louis Périès aura la lourde tache de mener à bien les débats comme il parvient à le faire depuis le début du procès. Ce magistrat aux 40 années de carrière s’est en effet illustré par sa répartie tout en imposant son autorité, pas impressionné par Salah Abdeslam qui clame être “combattant de l’État islamique”, répondant “moi j’avais intérimaire”, ou remettant à sa place Mohamed Abrini qui veut parler avec son “pote” Abdeslam alors qu’il n’y est pas autorisé. Jean-Louis Périès est même parvenu à faire sourire la salle malgré la gravité lors du témoignage à la barre de François Hollande, où les deux hommes se sont mutuellement salués avec la formule “bonjour monsieur le président”.
Décrit comme pragmatique, le président de la cour d’assises spéciale tient aussi à suivre le calendrier de ce procès historique à la cadence soutenue. “L’enjeu principal de ce procès, c’est qu’il ait lieu, et pour Périès, c’est de le mener à son terme”, a résumé un avocat de partie civile à l’AFP. Les plaidoiries et réquisitions doivent débuter le 6 avril, et se terminer le 23 mai. Le verdict est attendu le 24-25 mai 2022.
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