Avec la « théorie de la dinde », ces politiques veulent que vous parliez d’eux à Noël
Et bien, sachez que certains responsables politiques ont misé sur cet invariant pour ajuster leur stratégie de campagne. À l’image des Républicains, qui tenaient absolument que le vainqueur de la primaire LR soit connu en décembre. “Il faut que les discussions du repas de Noël des Français tournent autour de notre candidat”, justifiait dans Le JDD le patron des Républicains, Christian Jacob. Un cas isolé dans le monde politique? Pas du tout. “Il y a deux temps d’écoute, Noël et le 14 juillet”, soufflait récemment à Politico un proche d’Emmanuel Macron en justifiant l’intervention du chef de l’État la semaine dernière sur TF1.
“On a deux heures d’émission, sans compter les vœux de fin d’année, j’ai le sentiment que le président de la République veut qu’on parle de lui autour de la dinde de Noël!”, déplorait d’ailleurs au sujet de cette émission Franck Louvrier maire LR de La Baule et ancien conseiller com’ de Nicolas Sarkozy. La République En Marche a de son côté mis en ligne son “bingo de Noël” à destination de ses militants, fournissant des éléments de langage clés en main pour défendre le bilan du chef de l’État. L’émergence de Christiane Taubira à quelques jours des vacances relève de la même logique, comme s’il fallait à tout prix s’imposer avant les fêtes pour être pris au sérieux dans une élection présidentielle. Pourtant, n’en déplaise aux communicants qui phosphorent sur la “théorie de la dinde”, les discussions de Noël n’ont rien de déterminant dans l’issue d’une élection.
Un “mythe”
“C’est un mythe. Certes, à quelques mois du premier tour, la période des fêtes est un moment important, il y aura des discussions, des débats, mais ce n’est pas là que les choses vont se jouer”, explique dans La Croix Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, précisant que les électeurs “se décident de plus en plus tard”. Selon une étude de son institut réalisée en 2017, la part des sondés qui disent avoir “hésité jusqu’au dernier moment” avait grimpé de 5 points en dix ans. Plus récemment, dans la dernière enquête électorale menée par l’institut Ipsos, on constate que le niveau d’intérêt pour l’élection présidentielle est, en ce mois de décembre 2021, sensiblement inférieur à celui mesuré en décembre 2016.
En outre, 61 % des personnes interrogées se disent “certaines d’aller voter″, soit neuf points de moins qu’il y a cinq ans. Toujours selon cette large étude, la part des “changeurs” (ceux qui étaient certains de leur choix, mais qui ont changé d’avis) grimpe à 30%. Ce qui renforce l’illisibilité du scrutin à venir et tend à relativiser le poids que pèsera l’embrouille avec tonton dans les urnes au mois d’avril. D’autant que, comme le souligne L’Opinion, c’est la crise sanitaire qui monopolise les débats dans les foyers français. Ce qui, avec les nouvelles annonces de l’exécutif sur le pass vaccinal et la flambée épidémique provoquée par le variant Omicron, ne devrait pas trop changer.
Le précédent de 2017 devrait également inciter à la prudence. En décembre 2016, François Fillon était donné gagnant dans les sondages. Or, la campagne a basculé à la fin du mois de janvier, quand le Canard enchaîné faisait ses révélations sur le train de vie du couple Fillon et déclenchait ainsi le “Penelope Gate” qui a littéralement miné la campagne du candidat LR. Un feuilleton politico-judiciaire dont aucun électeur n’avait pu parler lors du repas de Noël précédent.
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