Avec le reconfinement, Macron défend sa stratégie et appelle à l’union
POLITIQUE – “Nous sommes submergés.” Le chef de l’État a reconnu ce mercredi 28 octobre, dans une allocution sans ambages, qu’il n’avait plus le contrôle de l’épidémie de coronavirus. Et parce que cette “deuxième vague”, tant redoutée et parfois minimisée, “sera sans doute plus dure et plus meurtrière que la première”, Emmanuel Macron a annoncé le reconfinement de la population pour plusieurs semaines au minimum.
Depuis l’Élysée, ce dernier a tenté pendant une vingtaine de minutes de convaincre les Français du bien fondé de ses stratégies, dans un air désagréable de déjà-vu. Les anciennes, avec le triptyque “tester, alerter, protéger” et l’idée de “vivre avec le virus”, comme la nouvelle, consistant à un confinement total mais “adapté” et une économie “plus intense ».
Et pour surmonter ces énièmes épreuves, Emmanuel Macron a appelé les Français à “se serrer les coudes” en évitant “le poison de la division.” Autant de tâches particulièrement ardues, alors que le semblant d’union nationale, à l’oeuvre au début de la première vague, n’a pas résisté aux mois, à la lassitude et aux critiques politiques.
“Nous avons fait tout notre possible”
“Avons-nous tout bien fait?”, s’est lui-même interrogé le président de la République, en écho aux réquisitoires qui pleuvent contre son action sur le front du Covid. Et de trancher: “Non, et je l’ai dit, on peut toujours s’améliorer. Mais nous avons fait tout notre possible, et je crois profondément que notre stratégie était, compte tenu des informations qui étaient les nôtres, était la bonne.”
Cette stratégie était celle résumée derrière la maxime “vivre avec le virus”, et la volonté de “tester, alerter, isoler.” Sans s’étendre sur les difficultés rencontrées au début de l’été par beaucoup, dans les délais de dépistage, Emmanuel Macron a fait valoir que la France était désormais l’un des pays du continent qui teste le plus.
Comme ses ministres depuis plusieurs jours, le chef de l’État a également usé de comparaison avec les autres pays européens pour contrer les critiques en “imprévoyance.” Non seulement nos voisins ont déployé la même stratégie estivale face au virus, s’est-il défendu, mais ils subissent eux aussi l’explosion imprévue de l’épidémie.
“Comme tous nos voisins, nous sommes submergés par l’accélération soudaine de l’épidémie”, a-t-il dit.
Comment mettre “un coup de frein brutal”
C’est donc parce que ces stratégies passées ne sont plus efficaces à l’heure actuelle que le président de la République demande désormais à ses concitoyens de limiter drastiquement leurs déplacements pour mettre “un coup de frein brutal” à la circulation du virus.
Et le reconfinement, qu’il avait pourtant toujours soigneusement écarté, était apparemment la moins pire des options, selon le déroulé du chef de l’État qui s’est attaché à démonter toutes les autres hypothèses formulées par la presse, des médecins ou une partie de l’opposition.
L’immunité collective? Ce ne sont pas “les valeurs” de la France que de laisser mourir “des centaines de milliers de nos concitoyens.” Le confinement des personnes à risque? “Inefficace parce que le virus circulerait encore trop vite.” Augmenter les lits en réanimation? Le gouvernement a déjà commencé, mais cela demande du temps.
Selon le président, les bonnes options n’étaient donc pas légion. Reste qu’avec ce reconfinement, Emmanuel Macron a également évoqué le retour du fameux “quoiqu’il en coûte”, promettant de soutenir tous les secteurs touchés par le biais notamment d’un “plan spécial” dédié aux travailleurs indépendants, aux commerçants, aux TPE et aux PME.
Une union nationale mal engagée
Mais le chef de l’État a surtout appelé à “la solidarité” pour surmonter ces nouvelles difficultés qui ébranlent “notre résilience et notre unité.”
“Je sais la lassitude et cette impression d’un jour sans fin qui tous nous gagnent, nous devons quoi qu’il arrive rester unis et solidaires et ne pas céder au poison de la division (…) nous devons tenir, en nous serrant les coudes”, a notamment exhorté Macron, pour qui “la réussite dépend du civisme de chacune et chacun d’entre nous”.
Mais cette union paraît déjà mal engagée, du côté au moins de la classe politique. Loin du satisfecit qu’il s’est accordé, les oppositions fustigent “l’échec” d’Emmanuel Macron, symbolisé aujourd’hui par la bombe du reconfinement. “Gestion de crise erratique”, pour Marine Le Pen. “Justifier l’injustifiable”, pour le patron des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau. “Pilotage incohérent”, pour Jean-Luc Mélenchon.
“C’est un ‘oui’ de colère!”, expliquait de son côté le premier secrétaire du PS Olivier Faure à l’AFP, comme un bon résumé du sentiment des oppositions, consternées par l’allocution du chef de l’État, mais appelant au respect des mesures annoncées.
Et ces foudres ne se limitent pas aux partis politiques. ”Économiquement c’est une mise à mort”, a de son côté estimé François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, toujours à l’Agence France-Presse. Et ce, à l’unisson de nombreux secteurs d’activités qui, déjà submergés par la première vague craignent, eux, de définitivement couler.
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