Ce café de Tokyo permet à ses employés handicapés de télétravailler grâce à des robots
“Bonjour, comment allez-vous?”, demande Michio Imai par l’intermédiaire du robot, depuis chez lui à Hiroshima (ouest du Japon), à 800 km de distance. Il est l’un des quelque 50 employés en situation de handicap moteur ou mental qui “pilotent” les robots du café Dawn. D’autres travaillent depuis l’étranger, mais certains sont physiquement sur place. Ouvert en juin dans le quartier tokyoïte de Nihonbashi, le lieu devait initialement voir le jour en 2020 pour coïncider avec les Jeux paralympiques qui ont été reportés et qui doivent s’ouvrir mardi 24 août.
Dans ce café sans escaliers et aux larges passages facilitant l’accès aux fauteuils roulants, une vingtaine de robots nommés “OriHime” attendent les clients, équipés de caméras, d’un micro et d’un haut-parleur pour permettre aux opérateurs de communiquer avec eux.“Puis-je prendre votre commande?”, demande l’un des robots, placé près d’une tablette montrant le menu: hamburgers, curry et salade. Trois humanoïdes de plus grande taille se déplacent entre les tables pour apporter les commandes, et un robot-barista vêtu d’un tablier manie une cafetière.
“Un endroit où les gens peuvent être inclus dans la société”
D’autres opérateurs sont atteints de la maladie de Charcot, se traduisant par une paralysie des muscles, et peuvent utiliser les mouvements de leurs yeux pour envoyer des signaux aux robots. “C’est un endroit où les gens peuvent être inclus dans la société”, explique à l’Agence France-Presse Kentaro Yoshifuji, à l’origine de ce projet et fondateur de la société Ory Laboratory, qui fabrique les robots. Des problèmes de santé dans son enfance l’ont empêché d’aller à l’école, l’amenant à réfléchir à des moyens pour permettre de travailler à des gens ne pouvant pas sortir de chez eux. Cet entrepreneur de 33 ans a reçu le soutien de grandes entreprises, mais aussi du financement participatif pour ouvrir le café, qu’il voit comme bien davantage qu’une expérience robotique. “Les clients ne viennent pas ici juste pour rencontrer OriHime”, dit-il, mais plutôt “les gens qui le pilotent en coulisses”.
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Le Japon, à la pointe du progrès
Le gouvernement nippon a relevé en mars la proportion minimum d’emplois de personnes handicapées de 2,2% à 2,3% dans les entreprises, mais “ce niveau est trop bas”, juge Seiji Watanabe, qui ajoute que “ce n’est pas dans la culture des entreprises japonaises d’avoir par elles-mêmes de la diversité”. Au café Dawn, Mamoru Fukaya, venu avec son fils de 17 ans, a apprécié sa conversation avec le “pilote” du robot. Il ”était très sympa”, note-t-il. “Puisqu’il ne peut pas sortir de chez lui, c’est super qu’il ait ce genre d’opportunité.”
Kentaro Yoshifuji, qui concentre actuellement ses efforts sur ce lieu, pense que les robots pourraient un jour rendre les Jeux paralympiques encore plus inclusifs. “Un nouveau genre de Paralympiques pour les gens alités pourrait être créé”, imagine-t-il. “On pourrait même inventer de nouveaux sports. Ce serait intéressant.”
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