Ce qu’il y a derrière la vidéo d’une personne handicapée et son chien refusés d’un café
Nous sommes le vendredi 14 août, aux Saveurs du Temps, dans la ville de Castres. Mathilde s’y rend pour “acheter un paquet de café d’exception”, comme elle le fait depuis plusieurs années. Seulement, pour la première fois, elle s’y rend avec son chien d’assistance. Et c’est ce qui aurait posé problème selon elle.
Une obligation légale d’accueillir les chiens d’assistance
C’est à partir de ce moment-là que sa sœur aurait commencé à filmer la scène visible dans la vidéo ci-dessus, “pour me protéger”, car “s’il avait touché mon fauteuil, ça aurait été comme toucher mon corps”.
Du côté des gérants, la version diffère. “On lui a dit que comme on est dans le secteur agro-alimentaire, on ne peut pas avoir d’animaux dans l’établissement, raconte Muriel De Bona, la patronne, au HuffPost. Cette personne s’est énervée, a été désagréable et a refusé de partir.”
Pourtant, la loi du 11 février 2005 rappelle que “l’accès aux transports, aux lieux ouverts au public (…) est autorisé aux chiens guides d’aveugle ou d’assistance accompagnant les personnes titulaires de la carte d’invalidité ou de la carte de priorité pour personne handicapée ou la personne chargée de leur éducation pendant toute leur période de formation.” Y compris dans le secteur de l’agro-alimentaire, comme le souligne la Délégation ministérielle à l’accessibilité des ministères de la Transition écologique et solidaire et de la Cohésion des Territoires dans son dossier “Bien accueillir les personnes handicapées”.
Une intervention policière et deux plaintes
Mais pour la jeune femme, la situation est toute autre. “Comme c’était la police municipale et non nationale, il ne pouvait pas obliger les gérants à m’accepter dans leur magasin. Alors, le policier m’a demandé de ne pas bloquer le magasin, et m’a conseillé de déposer une main courante. Et je suis allée porter plainte dans la foulée.”
Mathilde indique que “le procureur a été averti de ma plainte, mais comme le policier qui s’occupe de l’affaire est parti en vacances, ça ne sera pas traité avant septembre”.
Choquée, elle décide de partager son histoire sur sa page Facebook, sur laquelle elle partage son combat contre ses maladies. “Là, c’était particulièrement violent, c’est pour ça que j’ai porté plainte. Mais quand on a un chien d’assistance, on a régulièrement des problèmes pour rentrer dans les endroits où on a le droit. D’habitude, en appelant la police, ça se règle, mais là le monsieur s’est énervé plus qu’autre chose”, soupire-t-elle.
“Mon chien d’assistance, il m’est essentiel. C’est lui qui sait reconnaître mes hypoglycémies, mes malaises dans la vie de tous les jours. Ne pas me permettre de rentrer avec mon chien, c’est une terrible injustice. Si j’ai mis ça sur Facebook, ça n’était pas pour lyncher cette personne, mais pour informer les gens de leurs obligations.”
Un témoignage devenu viral
Son post trouve même écho chez Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées. “Exclure une personne en situation de handicap au prétexte que son chien accompagnateur est vecteur du Covid-19 (en réponse à un tweet, NDLR) est non seulement une infraction à la loi 135 euros d’amende mais surtout une discrimination”, écrit-elle dans un tweet.
Mais pour Muriel De Bona, l’information a été “tronquée”. “Cette vidéo de 20 secondes sur une histoire qui dure 1 heure, c’est honteux. Surtout qu’il y a énormément de gens qui viennent en situation de handicap qui sont accueillis comme il faut. Ils achètent leur café, et on s’arrange pour tenir leur chien dehors. J’ai moi-même deux nièces en situation de handicap. Mais quand une personne est désagréable et me crie dessus, elle ne rentre pas chez moi, c’est tout.”
Selon elle, de nombreuses personnes auraient retiré leurs commentaires après avoir “jugé trop rapidement, sur 10 secondes, ce qu’il s’est passé”.
Le couple De Bona a porté plainte, entre autres, pour diffamation, et se “battra contre tout ceux qui nous feront du mal” face à “l’ampleur que c’est en train de prendre”.
Contactée par Le HuffPost, la police de Castres indique n’avoir “aucune communication à faire sur le sujet”.
À voir également sur Le HuffPost: Des mères d’enfants handicapés en haut d’une grue pour réclamer des auxiliaires de vie
Laisser un commentaire