Comment le masque a aidé ces personnes trans dans leur transition de genre
Tandis que les masques s’échappent de plus en plus des visages, ils et elles nous racontent leurs expériences de ces deux ans de pandémie, à l’occasion de la Journée internationale de la visibilité transgenre ce jeudi 31 mars.
“Une bénédiction”
Ayant commencé sa transition de genre avant la pandémie, il y a quatre ans, elle a “longtemps été perçue comme relativement masculine, avec ma grosse mâchoire, et j’avais pendant longtemps encore une barbe”. “Pendant le Covid, avec le masque, en portant des tenues considérées comme féminines, les cheveux longs, ça permettait de cacher mes caractéristiques dites masculines”, poursuit la Parisienne.
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Jasmine, elle, a “fait [son] coming out au tout début du Covid”. “J’ai directement pu porter un masque. Je suis une femme transgenre mais j’ai toujours ma barbe donc c’est tombé pile-poil pour moi. Un peu comme une bénédiction”, illustre-t-elle. Originaire de Lille, elle complète: “Avec un masque, mes cheveux un peu longs, une manière un peu féminine de m’habiller, on m’appelle directement Madame”.
Protection du quotidien
Le masque dérange d’ailleurs parfois encore plus les normes de genre. “Il peut aussi instaurer un doute dans le regard de l’autre”, éclaire Jasmine. “L’été dernier, j’étais dans le métro et j’ai coupé la musique dans mes écouteurs. Deux mecs, en face de moi, demandaient à voix haute “c’est un mec ou une meuf?” en me regardant. J’étais terrorisée. Ils demandaient l’avis de toute la rame et les gens répondaient soit dans leur sens, soit ne répondaient pas…”, raconte-t-elle. “Ça serait incroyable si le simple fait de mettre le masque faisait disparaître toute la transphobie”, ajoute Joan, personne trans masculine non-binaire.
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Les normes de genre remises en question
Le Lillois de 21 ans arbore à présent une moustache et préfère ne pas porter le masque. “Avant même que j’ouvre la bouche, les gens voient que j’ai des poils et me catégorisent comme mec. Donc, moi ça m’arrange. Aujourd’hui, je suis gêné quand je dois porter un masque”. Il précise que depuis qu’il porte les cheveux courts, masque ou pas masque, il ne se fait plus mégenrer: “les cheveux et la barbe sont des vecteurs de genre super puissants”.
«Avant même que j’ouvre la bouche, les gens voient que j’ai des poils et me catégorisent comme mec. Donc, moi ça m’arrange. Aujourd’hui, je suis gêné quand je dois porter un masque»
– Joan, 21 ans
“Le bas du visage est parfois utilisé par les gens pour inconsciemment genrer leurs interlocuteurs et interlocutrices, donc ça peut parfois aider”, reconnaît Jena Selle. Fondatrice et co-animatrice de “Un podcast trans”, Niléane Dorffer ajoute: “Les expériences sont toujours très différentes. Oui, j’ai entendu dire que pour des personnes trans masculines, c’était plus difficile parce que leur masculinité se concentre sur leur bas du visage mais ce n’est pas toujours vrai”. “Des formes de front, d’arcades sourcilières, de nez sont aussi parfois perçues comme automatiquement féminines ou masculines, même s’il n’y a rien de scientifique là-dedans”, complète Jena Sell.
Surtout, pour la co-animatrice du podcast, il s’agit là d’une “question secondaire en termes de transidentité, dans le sens où ça reste une question individuelle, ce n’est pas systémique”. “Les personnes trans n’ont toujours pas le droit de faire des enfants, de conserver leurs gamètes ou d’avoir un lien légal avec leurs enfants. Par rapport à ces considérations-là, le masque est un peu secondaire”, poursuit-elle. Un rappel nécessaire en cette journée internationale de la visibilité transgenre.
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