Coronavirus: à la rentrée, les personnes âgées sont aussi la priorité
Pas moins de 18 nouveaux clusters ont été recensés dans ces établissements, contre “une moyenne hebdomadaire de cinq clusters lors des quatre semaines précédentes”. “Une grande vigilance doit être maintenue dans ces établissements compte tenu de la fragilité de cette population dans laquelle survient le plus grand nombre de décès dus au SARS-COV-2”, indiquait ainsi également SPF.
Hors Ehpad, la tendance hebdomadaire à la hausse des clusters depuis juillet s’est également accentuée, avec 140 clusters signalés sur la même semaine, souligne le rapport.
Prévalence chez les seniors à Marseille
Des données ont également été évoquées ce mercredi matin par Jean Castex concernant le département des Bouches-du-Rhône, désormais placé en zone rouge, et plus particulièrement à Marseille. Le Premier ministre a notamment justifié ce placement en évoquant de nouveaux signaux chez les personnes fragiles. “Nous avions à Marseille un taux de pénétration de l’épidémie particulièrement élevée chez les personnes âgées, ce que nous n’avions pas constaté en Mayenne”.
Ce frémissement, certains redoutent qu’il ne se transforme en véritable bouillonnement. “La crainte au mois de septembre, c’est que les personnes âgées qui sont restées chez elles soient touchées. Avec le retour des congés, sur le lieu de travail, les personnes fragiles pourraient se retrouver plus exposées. Le risque c’est qu’elles développent alors des formes graves du coronavirus”, détaille Laurent Filleul, directeur régional pour la Nouvelle-Aquitaine de Santé publique France, contacté par Le HuffPost. Selon lui, si la période estivale a été moins propice à une létalité élevée ce n’est pas parce que le virus a été moins virulent, mais bien, entre autres, parce que les personnes âgées étaient moins exposées. En ce sens, il faut une attention particulière envers ces publics dès la rentrée et des dispositifs de dépistage renforcés, plaide Laurent Filleul.
Stockage de matériel et cellule Covid
Les agences régionales de santé ont déjà commencé à s’organiser en ce sens. Plusieurs d’entre elles ont fait parvenir aux responsables d’Ehpad des consignes les invitant à réactiver leurs cellules Covid, à stocker du matériel pour plusieurs semaines, ou encore à renforcer les gestes barrière lors des visites. L’ARS Île-de-France a appelé dans un communiqué mi-août a notamment privilégier “les visites en salle dédiée plutôt qu’en chambre et uniquement à l’extérieur pour les enfants de moins de 11 ans, pour qui le masque n’est pas obligatoire”. À Paris, où l’on comptabilisait mi-août 35 établissements touchés par le virus sur 700, les Ehpad sont également encouragés à rappeler systématiquement l’importance des mesures barrière et du port du masque aux visiteurs, “y compris dans la chambre du résident”.
Des rappels similaires ont également eu lieu dans le Grand Est. Dans cette région où les nouvelles infections au Covid touchent essentiellement les 20-49 ans, l’ARS a diffusé à tous les établissements, dès le 17 août, le protocole à activer en cas de dégradation épidémique, leur recommandant d’anticiper au maximum. Elle a également rappelé aux Ehpad l’importance du dépistage. “Des tests RT-PCR devront être proposés (…) aux nouveaux professionnels permanents et temporaires intervenants en établissement -et ce, 2 jours avant leur intervention au sein de l’établissement-, aux professionnels de l’établissement au retour de leurs congés, aux résidents ou salariés présentant le moindre symptôme évocateur, aux personnes demandant une admission en établissement”, détaille l’ARS Grand Est contactée par Le HuffPost.
Cette dernière invite également à tester tous les résidents qui ont été amenés à partir en vacances avec leur famille.“Il est important qu’ils soient testés à leur retour en Ehpad afin d’éviter une circulation du virus au sein de l’établissement”, relève également l’agence pour Le HuffPost.
Vers un reconfinement des Ehpad?
Pas question en tout cas en l’état d’envisager un reconfinement généralisé des Ehpad a assuré de nouveau Jean Castex sur France Inter, reconnaissant toutefois que cela serait possible au cas par cas. Sur le terrain, la perspective d’un éventuel reconfinement divise.
Dans les établissements de Séverine Laboue, directrice du groupe hospitalier Loos Haubourdin, dans le Nord, les résidents en accord avec leurs familles et la direction ont décidé de se reconfiner d’eux-même du 31 août au 13 septembre. “C’est une proposition qui est venue des résidents et de leurs familles. Elle est motivée par la période évidemment synonyme de retour de vacances, de la rentrée. Pendant la crise, on s’est beaucoup inquiété du syndrome de glissement, mais il ne faut pas oublier que nos aînés veulent vivre aussi”, détaille-t-elle au HuffPost.
Contacté également, le médecin gériatre et coordinateur de l’EHPAD La mémoire des ailes en Gironde, Thierry Le Brun donne un son de cloche radicalement différent: “Je ne suis pas favorable au reconfinement généralisé et je n’ai pas aimé ce que nous avons fait vivre à nos résidents et à nos soignants. Je pense qu’il est nécessaire de tester largement les personnes symptomatiques mais aussi les non symptomatiques et d’isoler en “quatorzaine” uniquement les testés PCR positifs. Cette attitude associée à des mesures barrières bien suivies doit permettre de limiter largement l’épidémie tout en préservant nos résidents des troubles liés à l’enfermement”.
Un coût psychologique que Jean Castex n’a pas balayé sur France Inter. “On a fait des progrès, les premières fois où on a confiné les Ehpad, on n’a peut-être pas pris, pour les personnes hébergées, pour leurs familles, toutes les mesures d’accompagnement psychologiques nécessaires. Là nous les avons intégrées”, a-t-il ainsi assuré en évoquant l’ensemble des hypothèses préparées par le gouvernement. “Les Ehpad sont des établissements particulièrement fragiles et donc au coeur de nos préoccupations”, a-t-il assuré.
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