Coronavirus : Macron fait une croix sur « le risque zéro »
“Ce que l’on veut éviter, c’est d’être débordé. Nous avons des stratégies très localisées, comme ce qui s’est passé en Mayenne, et qui peut aller jusqu’à un reconfinement ciblé qu’on pourrait instaurer si la situation l’imposait”, a précisé Emmanuel Macron, confirmant la position de Jean Castex qui promeut, avant tout, des consignes locales et non uniformément applicables sur tout le territoire.
Si cette annonce n’est en soi pas une surprise, l’exécutif voulant éviter à tout prix un “reconfinement généralisé” pour des raisons surtout économiques, la façon dont le président de la République a présenté les choses s’inscrit dans l’argumentaire de ceux qui prônent un assouplissement des règles au profit de la responsabilité collective. “On ne peut pas mettre le pays à l’arrêt, parce que les dommages collatéraux d’un confinement sont considérables. Le risque zéro n’existe jamais dans une société. Il faut répondre à cette anxiété sans tomber dans la doctrine du risque zéro”, a expliqué le locataire de l’Élysée.
Le cas Howard Hughes
Pour illustrer son propos, Emmanuel Macron a cité auprès de l’hebdomadaire le cas de l’aviateur milliardaire Howard Hughes, dont la vie a été retracée dans le film Aviator. En raison de troubles mentaux l’ayant conduit à développer une phobie des microbes, ce pionner de l’aviation civile a terminé sa vie complètement reclus, répugnant à se couper les ongles et les cheveux par peur d’attraper des maladies. Hasard (ou non) du calendrier, cet exemple a été servi le 15 août par Olivier Servais, professeur d’anthropologie, et François Gemenne, chercheur en sciences politique, dans le quotidien belge Le Soir.
Le titre de cette chronique très partagée sur Twitter? “Crise de la Covid-19: la tyrannie du risque zéro”. Dans ce billet qui résonne étrangement avec la position exprimée ce jeudi par Emmanuel Macron, les universitaires s’interrogent: “Peut-on vraiment se donner pour objectif d’éteindre définitivement l’épidémie, d’éliminer le virus de la société? Nous sommes d’avis que les coûts sociaux de cette entreprise sont infiniment supérieurs aux bénéfices sanitaires que nous pourrions en escompter. Nous sommes d’avis que le risque zéro est une chimère destructrice, et qu’il faut nous résoudre à accepter que le virus continue à circuler dans la société, de façon minime et calculée”, écrivent-ils.
Soit exactement ce qu’a expliqué Emmanuel Macron à Paris Match. En réalité, cela fait plusieurs semaines que cette “doctrine du risque zéro”, jugée alarmiste et contre-productive, est contestée, y compris dans le monde médical.
Début août, alors que les premiers signes d’une reprise épidémique commençaient à émerger, l’épidémiologiste Antoine Flahault pointait “l’anxiété” que provoque cette doctrine au sein de la société. “Elle conduit à faire glisser progressivement de l’objectif initial (éviter l’engorgement des services de réanimation) vers un objectif de suppression de la circulation du virus au niveau le plus bas possible”, expliquait-il à l’AFP.
Et de s’inquiéter: “on passe d’un risque qui était jugé acceptable et que l’on cherchait à contrôler à une doctrine du risque zéro”. Des inquiétudes qui sont visiblement parvenues aux oreilles d’Emmanuel Macron.
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